Accueil » Portraits d'athlètes » Qui se cache derrière « Casquette verte » ? Présentation de l’OVNI de l’ultra-trail
Qui se cache derrière « Casquette verte » ? Présentation de l'OVNI de l'ultra-trail

Qui se cache derrière « Casquette verte » ? Présentation de l’OVNI de l’ultra-trail

12 minutes de lecture

De fêtard à phénomène de l’ultra-trail, Alexandre Boucheix, alias “Casquette Verte”, incarne une nouvelle génération d’athlètes qui bouscule les codes de ce sport exigeant. Né le 13 novembre 1991, ce Parisien au parcours atypique est devenu une véritable icône des courses d’endurance.

Alexandre Boucheix, anciennement un fêtard et un gros fumeur, s’est transformé en un phénomène improbable de l’ultra-trail sous le surnom de « Casquette verte ». Ce Parisien dans la trentaine, avec une personnalité un peu décalée, inspire les débutants grâce à son parcours et à ses succès.

Des Débuts Improbables

L’histoire commence en 2015 à la machine à café de JCDecaux (un groupe industriel français spécialisé dans la publicité urbaine), où il travaille comme chef de projet informatique

Jeune cadre dynamique, Boucheix est interpellé par un collègue qui se prépare à courir une épreuve de 80 km. C’était en 2015. Le Parisien, anciennement un lycéen très sportif, avait pris 25 kg pendant ses études de commerce, avec quelques kilos en trop qui ne le dérangeaient pas, mais qui ont piqué sa curiosité.

Alexandre se lance dans l’aventure. Ses premiers pas sont laborieux : “J’ai détesté! La première fois, je suis rentré chez moi en jetant mes chaussures”.

Comme le rapporte l’AFP, Alexandre Boucheix revient sur ses débuts modestes : « À la base, je voulais simplement faire un semi-marathon », évoquant ses modestes débuts en tant que coureur, avec sa casquette verte tournée à l’envers sur sa tête, héritage de ses années d’étudiant et devenue depuis son signe distinctif sur les sentiers et les réseaux sociaux.

Une Ascension Fulgurante

Il a eu des débuts difficiles, mais il a rapidement progressé. D’abord un 10 km, puis un marathon, et enfin des trails et des courses d’ultra-distance. Aujourd’hui, il compte près de quarante courses à son actif, dont six victoires au cours des douze derniers mois, se classant même à la 43e place de la prestigieuse référence mondiale, l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), avant de terminer 18e à la célèbre Diagonale des Fous.

Une casquette verte posée sur les marches d'escaliers dans la rue

Le 23 juillet 2022, il a remporté l’épreuve d’endurance extrême de l’Ultra tour des quatre massifs (Ut4M). Il a brillamment parcouru les 173 km du trajet, avec un dénivelé positif de 11 500 mètres à travers les massifs alpins du Vercors, du Taillefer, de Belledonne et de la Chartreuse, franchissant la ligne d’arrivée en 28 heures 28 minutes ! Un mois plus tôt, il avait déjà remporté l’Ultra 01 dans l’Ain, où il avait couru 172 km en 20 heures 35 minutes.

Sa progression défie toute logique. En quelques années, il passe du semi-marathon à l’ultra-trail, collectionnant les performances remarquables :

  • 2019 : Première victoire à la LyonSaintéLyon.
  • 2022 : 18e à l’UTMB.
  • 2023 : 10e à la Diagonale des Fous.

Une Approche Décalée

Ce qui distingue “Casquette Verte”, c’est son approche non-conventionnelle de l’entraînement. “Je ne m’entraîne pas, je cours”, affirme-t-il, parcourant environ 200 km par semaine. Cette philosophie décontractée se reflète jusque dans ses rituels d’après-course, notamment sa fameuse bière d’arrivée devenue légendaire.

A lire aussi :  Qui est Jeannie Rice ? La meilleur marathonienne Masters au monde

Un amateur de “dopage légal”

J’ai découvert un univers où l’on peut avoir des hallucinations, comme quand je me droguais, mais c’est légal, en plein milieu montagnard, dans un environnement naturel, en pratiquant un sport apprécié des autres et de soi-même », explique-t-il avec une pointe d’humour.

Ce jeune homme au débit impressionnant et au visage juvénile jongle désormais entre ses “fichiers Excel” au quotidien et sa vie de passionné de course, où il pousse son corps à ses limites.

Cela ne l’empêche pas de s’enfiler une bière d’une traite une fois la ligne d’arrivée franchie, un rituel désormais très attendu par la communauté qui le suit de plus en plus sur les réseaux sociaux. « C’est hallucinant, c’est complètement dingue ! Dans le microcosme du trail, dès que l’on sort du lot, ça peut rapidement faire le tour ».

Mehdi Mainguené, un homme de 44 ans originaire de Bretagne, compte parmi ceux qui ont découvert le trail grâce à « Casquette Verte ». « C’est quelqu’un qui démontre que c’est réalisable, un profil atypique. Il a ouvert la voie à des personnes comme moi. Il incarne une vision moderne du trail », déclare ce Rennais à l’AFP. Il s’est lancé dans la course à pied il y a deux ans.

Une casquette verte posée au bord des marches d'escaliers dans la rue

Une personne ordinaire

Alexandre Boucheix explique sa popularité en affirmant qu’il est « quelqu’un comme tout le monde ». Il déclare : « On ne peut pas s’identifier à Kylian Mbappé, mais à un joueur amateur qui se rend en finale de la Coupe de France tout en étant boucher à côté. Je ne prétends pas être la magie de la Coupe de France, ni être le Petit-Quevilly du trail ! Mais il y a un peu de cela. »

Il se défend d’être un modèle à suivre, lui qui consomme 5 000 calories par jour – « si je ne mange pas trois fois ce qu’une personne mange normalement, je ne tiens pas », qui fumait comme un pompier jusqu’à sa promesse le jour de ses 30 ans en novembre dernier, qui court 30 km par jour et qui ne manque jamais une occasion de faire la fête.

« Casquette Verte » est connu de tous sur les courses de trail. Sur l’Ut4M, tout le monde ne parle que de lui. Cependant, cet habitant de Saint-Mandé (Val-de-Marne) sait que tout cela ne durera qu’un temps. Il se projette en déclarant : « Dans mon travail, il manque un sens profond. J’aimerais basculer dans un domaine caritatif où il y a une véritable signification. »

Malgré son succès, Alexandre Boucheix garde les pieds sur terre. Il continue de travailler comme chef de projet, investissant jusqu’à 15 000 € par an dans sa passion, prouvant qu’on peut être un athlète élite tout en restant “quelqu’un comme tout le monde”.

Lors du 80 km de l’Eco Trail Paris 2024, j’ai eu la chance de courir une bonne partie de la course aux côtés d’Alexandre Boucheix, cet OVNI de l’ultra-trail qui se cache derrière la fameuse « Casquette verte ».

Nous avons échangé quelques mots pendant l’effort, et il m’a confié que mon allure était trop rapide pour lui.

Il me distançait dans les côtes, mais je parvenais à le rattraper dans les descentes et sur le plat.

A lire aussi :  Qui est le créateur de l'athlétisme ?

Cette petite bataille tactique a rendu la course encore plus intense et motivante. Finalement, j’ai terminé devant lui : 48e en 7:12:01, tandis qu’il a franchi la ligne en 53e position avec un temps de 7:15:20. Une belle expérience et un souvenir mémorable de cette édition !

Un concept unique au cœur de Paris : l’UTMM

Alexandre Boucheix, plus connu sous le pseudonyme “Casquette Verte”, est le créateur d’un événement insolite dans le monde du trail : l’Ultra-Trail de Montmartre (UTMM).

L’UTMM représente un défi hors normes : 271 allers-retours dans les escaliers de la rue Foyatier à Montmartre, totalisant environ 80 kilomètres et 11 650 mètres de dénivelé positif. Cette course atypique se déroule le long du funiculaire de Montmartre, sur une pente moyenne de 33%.

Des règles décalées

Format de course :

  • Barrière horaire de 25 heures et 12 minutes.
  • Un statut de “FINISHER” pour ceux qui terminent sous 16h09.
  • Un statut de “NISHER” pour ceux qui finissent sous 25h12.

Particularités originales

  • Une montée obligatoire en funiculaire (ticket fourni).
  • Interdiction d’avoir des coachs.
  • Liberté totale de ravitaillement.
  • Présence obligatoire au Corcoran’s Irish Pub après la course.

Une casquette verte posée sur le sol dans la rue

Une sélection exclusive

L’événement est limité à 20 participants soigneusement sélectionnés. La participation se fait sur un mode original : 10 coureurs sont tirés au sort, tandis que 10 autres sont directement sélectionnés. Le coût d’inscription est particulièrement atypique : deux tickets de grattage.

Une ambiance unique

Les supporters sont encouragés à porter des tenues de montagne rétro et à participer à la tradition du “saumon” qu’il faut faire remonter et descendre pour encourager les coureurs1. Cette atmosphère festive et décalée reflète parfaitement l’esprit insufflé par Casquette Verte à l’événement.

Un succès grandissant

L’édition 2024, qui s’est déroulée le vendredi 13 décembre à 22 heures, a connu un succès retentissant avec des centaines de spectateurs venus encourager les participants dans les escaliers. Cette course atypique est devenue un rendez-vous incontournable dans le calendrier des trails urbains parisiens.

Impact et Influence

Avec plus de 174 000 abonnés sur Instagram, Alexandre est devenu une source d’inspiration pour de nombreux coureurs amateurs. Son authenticité et son parcours atypique ont démocratisé l’ultra-trail, prouvant qu’il est possible de performer tout en gardant un équilibre de vie.

Équilibre Vie Personnelle et Sport

La vie sentimentale d’Alexandre Boucheix, alias “Casquette Verte”, a connu un tournant important en 2024 avec l’arrivée de son premier enfant.

Vie de Famille

Alexandre Boucheix partage sa vie avec Charlotte, qui est également une passionnée de sport. Elle a souvent accompagné Casquette Verte lors de ses aventures en ultra-trail. 

Leur complicité sportive s’est notamment manifestée lors de l’UTMB 2022, où sa présence à Champex-Lac (km 126) a donné un regain de motivation à Alexandre : “J’ai eu un gros coup de boost quand ma copine est venue me voir à Champex. Parfois il suffit d’un bisou pour que la motivation reparte !”.

Une Nouvelle Aventure Ensemble

Le couple a accueilli leur premier enfant le 30 juillet 2024. Cette nouvelle étape de leur vie représente pour eux un “nouvel ultra”, comme ils l’ont partagé sur leurs comptes Instagram respectifs. Les deux parents, étant des sportifs accomplis, abordent cette aventure avec le même esprit de dépassement qui caractérise leur approche du sport.

Un Équilibre Familial et Sportif

Comme d’autres couples de coureurs d’élite, Alex et Charlotte doivent désormais jongler entre leurs entraînements et leurs responsabilités parentales, s’organisant pour que chacun puisse maintenir sa pratique sportive tout en s’occupant de leur enfant

A lire aussi :  Qui est Dean Karnazes ? L'ultramarathonien capable de courir sans s'arrêter

L’athlète a dû adapter son rythme de vie et ses entraînements pour concilier sa nouvelle vie de père avec sa passion pour l’ultra-trail. Cette transition vers la paternité représente un défi supplémentaire dans sa carrière sportive, tout en apportant une nouvelle dimension à sa vie personnelle.

Cette nouvelle étape de sa vie personnelle marque un changement significatif pour l’ultra-traileur, qui compare cette expérience de la paternité à un ultra-trail, notamment en ce qui concerne la privation de sommeil et la perte de contrôle de son emploi du temps.

Alexandre compare cette nouvelle aventure à un ultra-trail : “Les trois premiers mois, c’est comme un ultra : tu es privé de sommeil, tu n’as plus le contrôle de ton emploi du temps”. Cette expérience l’a amené à repenser son approche de la course et de la vie.

Mode de Vie Atypique

Malgré ses performances sportives impressionnantes, Alexandre Boucheix maintient un style de vie qui lui est propre. Il consomme environ 5000 calories par jour et n’hésite pas à profiter des moments festifs. Cette approche décontractée de la vie, combinée à ses responsabilités familiales, démontre sa capacité à maintenir un équilibre entre sa vie personnelle et sa carrière sportive.

Impact sur sa Carrière

La paternité n’a pas freiné ses ambitions sportives, puisqu’il maintient un calendrier de compétitions ambitieux pour 2025, incluant plusieurs courses prestigieuses comme le Hong Kong 100, le Grand Raid Ventoux, et sa cinquième participation à la Diagonale des Fous.

Cette nouvelle dimension de sa vie personnelle semble avoir enrichi son approche de l’ultra-trail plutôt que de la compromettre.

D’ancien fumeur à gros pollueur

Si Alexandre Boucheix a arrêté de fumer pour “éviter de mourir d’un cancer” et économiser 5000€ par an, son nouveau mode de vie d’ultra-traileur pose question d’un point de vue environnemental.

En effet, son calendrier de compétitions 2025 comprend des courses aux quatre coins du monde, du Hong Kong 100 à la Hardrock Hundred aux États-Unis, générant une empreinte carbone significative.

Le secteur des transports est responsable de 31% des émissions de gaz à effet de serre en France. Les déplacements en avion, en particulier, ont un impact considérable – les trajets internationaux représentent 13,7% des émissions des transports pour la France.

Avec sa participation à des courses internationales comme :

  • Le Hong Kong 100 en Asie.
  • La Hardrock Hundred aux États-Unis.
  • La Diagonale des Fous à La Réunion.

Alexandre Boucheix contribue de manière non négligeable aux émissions de CO2 liées au transport aérien. L’empreinte carbone moyenne d’un Français étant d’environ 10 tonnes de CO2 par an, ses multiples vols long-courriers pour participer aux compétitions dépassent probablement largement cette moyenne.

Ironiquement, alors qu’il pratique un sport en pleine nature, son mode de vie d’ultra-traileur international participe à la dégradation de ces mêmes environnements naturels qu’il affectionne pour courir. Une contradiction qui illustre bien les défis de concilier passion sportive de haut niveau et préoccupations environnementales.

Une saison 2025 qui s’annonce chargée

Pour 2025, son calendrier reste ambitieux avec notamment :

Nicolas Dayez, Fondateur de Athlé expliqué
0 0 votes
Évaluation de l'article
Subscribe
Notify of
0 Commentaires
Newest
Oldest Most Voted
Inline Feedbacks
View all comments
0
Would love your thoughts, please comment.x
()
x