Critique De What I Talk About When I Talk About Running

Critique de What I talk About when i talk about running

L’un des auteurs de fiction les plus appréciés du Japon ne va pas courir tous les jours pour trouver l’inspiration pour des idées d’histoires, ou pour développer mentalement ses personnages et ses intrigues il fait le contraire. Il court pour le simple plaisir d’éteindre ses pensées, d’entrer dans le « vide » comme il l’appelle, et d’écouter sans réfléchir les mêmes albums de Lovin’ Spoonful, encore et encore, sur un vieux lecteur MiniDisc.

On pourrait penser que quelqu’un qui s’enfonce intentionnellement dans le vide sans réfléchir en écoutant sans fin « Do You Believe In Magic » n’est pas le genre de personne qui prend le sport au sérieux, mais on aurait tort. Haruki Murakami a commencé à courir au début des années 1980, peu après avoir commencé à écrire, et il s’est totalement investi dans ces deux activités. Il poursuit ces activités aujourd’hui avec autant d’ardeur qu’à ses débuts.

La course à pied et l’écriture partagent un lien complémentaire, et ce lien mystérieux est au cœur de son livre What I Talk About When I Talk About Running. Ayant lu et apprécié ses ouvrages de fiction par le passé, j’étais curieux de savoir ce qu’il avait à dire sur la course à pied.

Si vous n’êtes pas familier avec Murakami, sachez que son style est celui du réalisme magique avec une sensibilité nettement occidentale, mais, à mon avis, tout ce qu’il couche sur le papier a une finesse indubitablement japonaise. Ses mots ont le don de rendre le banal complètement captivant. Il vous met à l’aise avec sa prose simple, mais vous surprend souvent avec des tournures de phrases surréalistes et magnifiques.

Pas de chat qui parle dans celui-là

L’une des différences entre cet ouvrage et les autres livres de Murakami est qu’il s’agit de mémoires. Il se lit comme un journal intime, ou un carnet d’entraînement détaillé, avec très peu d’informations techniques mais beaucoup de cœur. Au lieu de rencontrer des personnages qui boivent du thé avec des grenouilles d’un mètre quatre-vingt ou qui traversent des murs de pierre, vous découvrez la vie quotidienne de Murakami, son approche de l’activité physique axée sur la santé, ainsi que ses courses et ses entraînements les plus mémorables.

Parmi celles-ci figurent 25 marathons, un ultramarathon de 100 km et plusieurs triathlons de longueur olympique avec nage en pleine mer. Au début du livre, on a l’impression que Murakami ne court que pour se vider la tête et éviter de prendre du poids, mais il devient vite évident qu’il est fou amoureux de ce sport. Il connaît des hauts et des bas, comme nous tous, mais reste déterminé à mettre un pied devant l’autre.

La stratégie d’entraînement d’un surréaliste

Ce n’est pas un livre que vous lisez pour apprendre à vous entraîner. Il n’y a pas de conseils sur la façon de réduire de quelques minutes votre RP sur le marathon. L’aspect technologique est minimal. Il mentionne l’utilisation d’un chronomètre, et il tient un journal manuscrit qui consiste principalement à enregistrer le nombre de kilomètres parcourus chaque semaine. Il ne mentionne jamais l’utilisation d’une montre GPS ou d’une ceinture cardio.

Murakami utilise une stratégie classique pour s’entraîner aux compétitions. Il s’efforce d’accumuler du kilométrage afin de devenir fort pour le marathon, et il donne de vagues détails sur la diversification de son entraînement, le mélange des niveaux de difficulté, les séances en côte et le fait d’atteindre intentionnellement un pic de forme un mois complet avant le jour de la course, suivi d’une diminution progressive du kilométrage.

Au début du livre, Murakami explique qu’il n’est pas compétitif, mais il passe le reste du livre à parler de l’excitation de dépasser d’autres coureurs dans les courses, et de la honte de se faire dépasser. Lorsqu’il est mécontent de ses chronos, il exprime une profonde déception. À plusieurs reprises, j’ai eu envie de parcourir le livre et de lui suggérer d’essayer une approche plus structurée, comme un entraînement polarisé associé à un plan périodisé pour la saison entière. Pour quelqu’un d’aussi passionné par la course à pied et aussi lié émotionnellement à ses chronos, j’aurais aimé qu’il expérimente davantage de méthodologies d’entraînement (ou qu’il en parle davantage dans le livre s’il l’avait fait).

La course à pied et l’écriture : La grande affinité

Aussi contrarié que Marakumi puisse être lorsqu’il réalise une mauvaise performance, il est capable de voir des points positifs. Lorsqu’il rate un objectif, il est satisfait du résultat s’il estime avoir fait de son mieux. Il relie directement cette perspective à l’écriture. Les statistiques de vente des livres, les récompenses et les éloges des critiques ne le satisfont pas en tant qu’artiste. La seule façon pour lui d’être satisfait est de sentir que son écriture est la meilleure possible. Aucun autre facteur ne compte.

Dans l’ensemble, ce livre est le résumé d’une vie charmante et inspirée. Il est possible de ressentir un peu d’envie par moments. Cet homme passe régulièrement plusieurs mois à Hawaï. Il se réveille tôtse concentre sur l’écriture pendant quelques heures, puis fait sa course quotidienne de 10 km. Plus tard, il fait ses 1500 m de natation et termine la journée avec du poisson et des légumes fraîchement grillés au dîner. Cela dit, on n’oublie jamais le talent et l’aplomb qui l’ont amené là.

Ce livre est une note d’amour de 180 pages aux sports d’endurance. Murakami est un homme timide qui est plus à l’aise lorsqu’il est complètement seul, mais il apprécie aussi profondément la compagnie de ses compagnons de course. En triathlon, il a du mal avec les départs groupés en natation et ressent souvent une peur intense sur le vélo, mais il revient toujours à ce sport. Pourquoi ? Il aime la foule. Son introversion disparaît complètement lorsqu’il est entouré d’athlètes qui consacrent la majorité de leur temps libre à l’entraînement. Il est chez lui.

Si vous êtes déjà un fan de Murakami et que vous souhaitez le connaître un peu mieux, ce livre est un excellent moyen d’y parvenir, que vous soyez adepte de la course à pied ou non. Si vous ne connaissez pas Murakami, ce livre peut réaffirmer votre passion de la course à pied. Même lorsque vous avez tout : des millions de fans dévoués, la possibilité de vivre confortablement de votre art, une liberté artistique totale, des parcours hawaïens magnifiques et du poisson frais à la sauce soja – vous pouvez être confronté à des jours sombres où vous devez vous forcer physiquement à courir. Et tout comme dans votre vie, courir vous rapporte trois fois plus quand vous faites des kilomètres. Vous êtes plus heureux, en meilleure santé et, d’une certaine manière, moins seul, même lorsque vous courez seul.

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  • Nicolas

    A la fois épicurien et passionné de running depuis 10 ans, je suis un blogger qui court pour le plaisir, simplement, et pour les chronos, accessoirement. J’aime particulièrement ce sport pour son exigence et pour la diversité des paysages qu’il permet de découvrir.

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