L'athlétisme est-il en train de perdre la bataille contre le dopage Voici ce que les autorités antidopage ont trouvé en 2024
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En 2024, le monde de l’athlétisme a poursuivi sa lutte contre le dopage, car il semble que les contrôles aient toujours un temps de retard, malgré les nombreux efforts déployés par l’Unité d’intégrité de l’athlétisme (AIU) et d’autres organisations.

L’année a été marquée par une intensification des contrôles préolympiques, des interdictions très médiatisées et une augmentation du nombre de résultats positifs dans des pays comme le Kenya, l’Inde et la Russie.

Liste globale d’exclusion de l’AIU : 481 et ce n’est pas fini

À la fin de l’année 2024, l’AIU avait inscrit 481 athlètes et membres du personnel d’encadrement sur sa liste de suspension. Cette liste mondiale représente les personnes interdites d’athlétisme pour avoir enfreint les règlements antidopage. Le Kenya, l’Inde et la Russie sont les pays qui comptent le plus grand nombre de contrevenants.

Le Kenya représente à lui seul une part importante de la liste, avec 119 athlètes sur 481, soit 24,74%.

Voici la liste complète des interdictions par pays :

  • Kenya – 119.
  • Inde – 108.
  • Russie – 73.
  • Chine – 26.
  • Turquie – 20.
  • Italie – 18.
  • Afrique du Sud – 18.
  • Ukraine – 17.
  • États-Unis – 16.
  • Maroc – 15.
  • Éthiopie – 14.
  • France – 11.
  • Belarus – 10.
  • Koweït – 10.
  • Nigeria – 10.

Pendant des années, des pays africains comme le Kenya ont été au cœur de la course d’endurance, produisant certains des talents les plus extraordinaires que le monde ait jamais vus.

Leurs coureurs ont dominé les compétitions mondiales, établissant un niveau d’excellence qu’aucune autre région n’est parvenue à égaler.

Lors des dix derniers championnats du monde d’athlétisme, les athlètes africains ont remporté près de 200 médailles, soit environ 13 % du total. Ces coureurs étaient autrefois considérés comme l’incarnation du talent propre.

Leur succès est souvent attribué à la combinaison unique d’un environnement de haute altitude, d’une culture et d’une éducation qui les ont façonnés.

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Mais ces dernières années, cet héritage a été éclipsé par un nombre croissant d’affaires de dopage impliquant des athlètes africains.

Cette vague de scandales a soulevé des questions difficiles sur la corruption au sein des instances dirigeantes, de la gestion des athlètes et même des systèmes de santé.

De nombreux experts estiment que la cause profonde réside dans les dures réalités de la pauvreté et la pression intense de la réussite, qui peuvent pousser les athlètes à prendre des raccourcis dangereux.

Malgré un investissement gouvernemental de 25 millions de dollars sur cinq ans pour lutter contre le dopage, le problème a persisté en 2024.

Quarante-quatre athlètes kenyans ont été contrôlés positifs au cours du seul mois de février 2024, y compris des noms notables dans les domaines du cross-country et du marathon.

Des sanctions plus sévères et une collaboration entre l’AIU et les agences locales kenyanes ont été mises en place pour remédier à ce problème. Toutefois, des problèmes systémiques, tels que l’influence d’agents peu scrupuleux et le manque d’éducation des athlètes, ont continué à alimenter les violations.

Interdictions très médiatisées : les cas les plus notables en 2024

L’année n’a pas été exempte de cas de dopage qui ont fait la une des journaux, plusieurs athlètes de haut niveau ayant été suspendus pour des infractions.

Titus Ekiru, qui fut l’un des marathoniens les plus rapides du monde, a reçu une suspension de dix ans pour avoir été contrôlé positif à deux reprises et avoir tenté de falsifier des preuves.

Son cas n’est qu’un exemple parmi tant d’autres et montre tout ce que certains athlètes sont prêts à faire pour échapper à la détection.

Emmaculate Anyango Achol, la star kenyane du cross-country, a été provisoirement suspendue après avoir été contrôlée positive à la testostérone et à l’EPO.

Son cas fait toujours l’objet d’une enquête, mais si elle est reconnue coupable, elle risque une suspension de quatre ans.

Tendances mondiales du dopage : Un pic de 15

Le problème du dopage ne s’est pas limité à l’athlétisme. Tous sports confondus, 2024 a vu une augmentation de 15 % des cas de dopage signalés par rapport à l’année précédente.

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Parmi les facteurs qui ont contribué à cette hausse, on peut citer l’amélioration des méthodes de détection, telles que l’adoption d’un suivi avancé des biomarqueurs et de tests rétrospectifs, l’augmentation de la fréquence des tests à l’approche d’événements majeurs comme les Jeux olympiques de Paris, et la pression croissante exercée sur les athlètes pour qu’ils réalisent des performances élite, ce qui les a parfois amenés à prendre des raccourcis.

Cette tendance à la hausse souligne les défis permanents auxquels sont confrontées les organisations antidopage dans le monde entier.

Pourquoi le dopage persiste-t-il ? Une question complexe

La persistance du dopage dans l’athlétisme peut être attribuée à plusieurs facteurs.

  • La pression de la performance : Pour de nombreux athlètes, en particulier ceux issus de milieux économiquement défavorisés, la perspective de la célébrité et des récompenses financières l’emporte sur les risques de se faire prendre.
  • Accès et sophistication des substances : Les drogues améliorant les performances (PED) deviennent de plus en plus sophistiquées, ce qui les rend plus difficiles à détecter.
  • Dissuasion insuffisante : Dans certains cas, les sanctions pour dopage sont considérées comme insuffisantes par rapport aux bénéfices potentiels.
  • Influence des entraîneurs et des agents : Les agents et les entraîneurs malhonnêtes jouent un rôle important en poussant les athlètes vers les PED, en privilégiant souvent les gains à court terme et les récompenses financières plutôt que les conséquences à long terme.

Regarder vers l’avenir : Que faut-il faire ?

Si 2024 a mis en évidence des progrès significatifs dans la lutte contre le dopage, le chemin à parcourir reste long.

Les étapes clés pour l’avenir comprennent une collaboration plus étroite entre les gouvernements, les fédérations internationales et les agences nationales antidopage pour résoudre les problèmes systémiques, un financement accru de la recherche et de l’éducation antidopage, en particulier dans les régions où la prévalence du dopage est élevée, un investissement continu dans le suivi des biomarqueurs et l’intelligence artificielle pour faire en sorte qu’il soit plus difficile pour les contrevenants d’échapper à la détection, et un changement culturel parmi les athlètes, les agents et les entraîneurs pour promouvoir un sport propre.

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Les statistiques sur le dopage en 2024 donnent une image mitigée de l’avenir de l’athlétisme. D’une part, des organisations comme l’AIU ont fait des progrès louables en matière de détection et de dissuasion.

D’autre part, l’augmentation des cas de dopage met en évidence les défis permanents que pose le maintien de l’intégrité du sport.

À l’aube de 2025, la lutte contre le dopage reste une responsabilité collective. Les athlètes, les entraîneurs et les administrateurs doivent travailler ensemble pour s’assurer que le sport reste un symbole d’excellence humaine et de fair-play.

Vous trouverez la liste complète de l’AIU ici.

Qui est Nicolas ?

Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.

Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.

Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.

Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16

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