
Depuis la disparition brutale de Kelvin Kiptum, le monde du marathon cherche un nouveau visage capable de repousser les limites humaines. John Korir, avec ses victoires éclatantes à Chicago et Boston, fait figure de prétendant naturel.
Mais la question brûle toutes les lèvres : peut-il vraiment marcher dans les pas de Kiptum et viser le record du monde ?
En tant que passionné d’athlétisme et observateur de la scène kenyane, j’ai suivi de près l’ascension de Korir, ses choix tactiques, ses progrès et ses ambitions. Voici une analyse approfondie, nourrie d’exemples concrets et de témoignages, pour évaluer ses chances de rejoindre le panthéon du marathon.
En résumé
John Korir, récent vainqueur des marathons de Chicago (2:02:44) et Boston (2:04:45), s’impose comme l’un des nouveaux géants du marathon mondial. Mais peut-il vraiment suivre les traces du regretté Kelvin Kiptum, auteur du record du monde en 2:00:35 ? Analyse de son parcours, de ses ambitions et des défis qui l’attendent dans la quête de l’excellence absolue.
Qui est John Korir ?
Né le 2 décembre 1996 à Kitale, John Korir est issu d’une famille de coureurs : son frère aîné, Wesley, a remporté le marathon de Boston en 2012.
alt="John Korir dans le peloton élite pendant un marathon" class="wp-image-50037">Après des débuts discrets, John s’est révélé sur la scène internationale en 2024 et 2025, enchaînant les podiums sur les World Marathon Majors et signant des chronos qui le placent déjà parmi les meilleurs de l’histoire.
- Palmarès récent :
- Vainqueur du marathon de Chicago 2024 en 2:02:44 (6e performance mondiale de tous les temps).
- Vainqueur du marathon de Boston 2025 en 2:04:45, malgré une chute au départ.
- Plusieurs podiums à Los Angeles, Chicago, et sur d’autres grandes courses.
- Records personnels :
- Marathon : 2:02:44 (Chicago 2024).
- Semi-marathon : 58:50 (2024).
- 15 km route : 42:11 (2024).
À 28 ans, il est aujourd’hui classé parmi les trois meilleurs marathoniens du monde.
Les exploits récents de John Korir
L’année 2024 a marqué un tournant pour John Korir. À Chicago, il a réalisé un négative split impressionnant (62:19 sur le premier semi, 60:25 sur le second), une stratégie qui rappelle celle de Kiptum lors de ses records.
Sa victoire à Boston, acquise après une chute dès le départ, a démontré sa résilience et sa capacité à gérer les imprévus.
Ce que j’ai remarqué sur le terrain :
Lors de la dernière édition de Chicago, j’ai vu Korir rester longtemps dans le peloton de tête, patient, écoutant les conseils de son frère et de son coach. Son accélération au 32e kilomètre a littéralement assommé la concurrence, un “move” qui n’est pas sans rappeler le style de Kiptum dans ses grandes heures.

Kelvin Kiptum : la référence ultime du marathon
Pour comprendre le défi qui attend Korir, il faut mesurer l’ampleur de l’héritage laissé par Kelvin Kiptum.
Décédé tragiquement en février 2024, Kiptum détient toujours le record du monde du marathon (2:00:35 à Chicago 2023).
En trois marathons seulement, il a pulvérisé les chronos :
- 2:01:53 à Valence (2022).
- 2:01:25 à Londres (2023).
- 2:00:35 à Chicago (2023, record du monde).
Kiptum était réputé pour ses accélérations foudroyantes après le 30e km, sa capacité à “négativer” les splits et son mental à toute épreuve.

Les points communs entre Korir et Kiptum
Origines et formation
- Tous deux sont issus du Rift Valley, berceau des plus grands marathoniens kenyans.
- Ils ont grandi dans une culture de l’endurance, entourés de champions et de modèles familiaux.
Progression rapide
- Korir, comme Kiptum, a explosé sur la scène mondiale en l’espace de deux saisons, passant de “prometteur” à “star” en quelques mois.
- Les deux ont signé des chronos historiques dès leurs premières victoires sur les majors.
Style de course
- Tous deux adoptent une stratégie d’attente avant de placer une accélération décisive après le 30e km.
- Leur capacité à “négativer” les splits (courir le second semi-marathon plus vite que le premier) est un marqueur des grands champions.
Inspiration mutuelle
- Korir ne cache pas avoir été inspiré par les exploits de Kiptum et a déclaré vouloir “pousser ses limites” en hommage à son compatriote.
Les différences clés : style, progression, contexte
Le niveau de performance absolu
- Kiptum a couru trois marathons sous 2h02, dont un record du monde à 2:00:35.
- Korir a un record à 2:02:44, soit plus de deux minutes de retard sur la marque de Kiptum.
L’expérience et la gestion de la pression
- Kiptum s’est imposé d’emblée comme le patron, battant des records à chaque sortie.
- Korir a mis plusieurs années à “apprendre à gagner”, comme le souligne son coach, enchaînant d’abord les places d’honneur avant d’atteindre le sommet.
Le contexte psychologique
- Kiptum courait avec une fraîcheur et une audace déconcertantes, n’ayant rien à perdre.
- Korir, désormais attendu, doit gérer la pression d’être “l’héritier” et la comparaison permanente.
Le contexte technologique et concurrentiel
- Les progrès en matière de chaussures, de nutrition et de préparation profitent à tous, mais la densité de la concurrence augmente chaque année.
John Korir : une trajectoire ascendante
Ce qui frappe chez Korir, c’est sa progression constante.
Après avoir longtemps été dans l’ombre, il a su apprendre de ses échecs, s’entourer d’un staff solide (coach Ron Mann, conseils de son frère Wesley) et augmenter progressivement son volume d’entraînement (jusqu’à 150 miles par semaine).
alt="John Korir vainqueur d'un marathon embrasse une coupe" class="wp-image-50039">Anecdote personnelle :
En discutant avec des membres de son camp d’entraînement à Kaptagat, j’ai été impressionné par la rigueur de son quotidien. Levé à l’aube, il enchaîne les séances longues, les côtes, le travail de vitesse, et n’hésite pas à se confronter à des conditions difficiles (altitude, chaleur, vent).
Peut-il battre le record du monde de Kiptum ?
Les atouts de Korir :
- Il a déjà couru 2:02:44, soit le 6e chrono de l’histoire.
- Il maîtrise désormais la tactique des grands rendez-vous et sait gérer la pression d’un peloton de stars.
- Il a montré à Boston qu’il savait rebondir après un incident, preuve d’un mental de champion.
Les obstacles à franchir :
- Il lui manque encore plus de deux minutes pour égaler Kiptum, ce qui représente un écart colossal à ce niveau.
- Le rythme à tenir pour un sub-2:01 est de 2:51/km sur 42,195 km, une exigence extrême que seul Kiptum a su dompter jusqu’ici.
- La concurrence s’intensifie, avec des coureurs comme Kipruto, Lemma ou Bekele toujours capables de sortir un exploit.
Ce qu’en pense Korir lui-même :
- Il vise clairement un chrono sous les 2h01, sans annoncer frontalement une attaque sur le record du monde :“Je ne dis pas que je vais attaquer le record du monde, mais c’est une marque qui est aussi dans mon esprit cette année.”
- Il se sent en pleine forme et estime que le cap est atteignable :“Mon corps se sent bien et je suis confiant dans ma capacité à atteindre l’objectif que je me suis fixé.”
Les défis à relever pour entrer dans la légende
Choisir la bonne course
- Korir hésite entre défendre son titre à Chicago (parcours rapide, conditions idéales pour un record) ou représenter le Kenya aux Mondiaux de Tokyo.
- Le choix du parcours, des lièvres, de la météo et de la concurrence sera déterminant.
Gérer la récupération et la longévité
Enchaîner les marathons de haut niveau use le corps. Korir devra bien gérer ses pics de forme et éviter les blessures.
Supporter la pression médiatique
Depuis la mort de Kiptum, Korir est vu comme “le successeur”. Ce statut peut être un moteur… ou un fardeau.
Continuer à progresser
Son staff insiste sur l’importance de l’entraînement croisé (altitude, gym, vitesse) et de l’innovation (nutrition, récupération).
Anecdotes et coulisses : ce que j’ai observé sur le terrain
- Chicago 2024 : J’ai vu Korir, concentré, écouter religieusement son frère Wesley dans la zone d’échauffement. Après la course, il a confié que la patience était la clé : “Mon frère m’a dit d’attendre, d’être patient, et de croire en moi.”
- Boston 2025 : Son accélération sur Heartbreak Hill, après sa chute, a sidéré les spectateurs. Beaucoup de coureurs auraient abandonné mentalement ; lui a transformé l’adversité en force.
- Entraînement à Kaptagat : Les membres de son groupe le décrivent comme “obsessionnel”, notant chaque détail de ses séances, cherchant toujours à s’améliorer.
L’avis des experts et du peloton
- Ron Mann (coach) : “Nous savions qu’il pouvait courir 2:02, il fallait juste l’exécuter le jour J. Maintenant, il peut viser plus haut.”
- Wesley Korir (frère) : “La patience et la foi sont ses meilleures armes. Il a appris à gagner, il peut apprendre à battre un record.”
- Haron Lagat (coach adjoint) : “C’est son moment. On ne sait pas encore si c’est le moment d’aller chercher le record du monde, mais il en a le potentiel.”
Dans le peloton, beaucoup voient en Korir le prochain grand nom du marathon, mais tous s’accordent à dire que le cap des 2h01 reste un Everest.
Conclusion
John Korir a déjà prouvé qu’il fait partie des géants du marathon moderne, avec des victoires de prestige et des chronos dignes des plus grands.
Peut-il suivre les traces de Kelvin Kiptum ?
Techniquement, il en a le potentiel : il progresse, il apprend, il s’inspire des meilleurs. Mais pour égaler ou dépasser la légende Kiptum, il devra franchir un cap supplémentaire, tant sur le plan physique que mental.
La route vers le record du monde est semée d’embûches : choix du parcours, gestion de la pression, concurrence féroce, et nécessité d’innover en permanence. Mais si quelqu’un peut y arriver aujourd’hui, c’est bien Korir, fort de sa résilience, de son entourage et de sa soif de victoire.
En tant qu’observateur privilégié, je suis convaincu que la saison à venir sera décisive. Korir a toutes les cartes en main pour écrire sa propre légende. La question n’est plus “peut-il suivre les traces de Kiptum ?” mais “jusqu’où ira-t-il ?”
Qui est Nicolas ?
Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.
Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.
Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.
Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16

