L'athlète de l'année de World Athletics : Un choix contestable ?
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Chaque année, World Athletics remet ses prestigieuses récompenses aux meilleurs athlètes de la saison. Cette année 2025, la cérémonie s’est déroulée à Monaco avec deux grands vainqueurs : Sydney McLaughlin-Levrone et Mondo Duplantis.

Mais cette sélection soulève une question qui revient régulièrement : l’Athlète de l’Année est-il devenu un simple concours de popularité plutôt qu’une véritable reconnaissance de la performance ?


Mondo Duplantis : Une domination incontestable

Il est difficile de contester le titre de Mondo Duplantis pour l’Athlète de l’Année chez les hommes. À 26 ans, le sauteur à la perche suédois a livré une saison pratiquement sans tache.

Son palmarès 2025 :

  • 16 compétitions sans défaite consécutives
  • Titres mondiaux en salle et en plein air
  • Streak impressionnant : deux années complètes de victoires
  • 4 records du monde établis : 6.27m (Clermont-Ferrand), 6.28m (Stockholm), 6.29m (Budapest), 6.30m (Tokyo)
  • 5e trophée Diamond League d’affilée

Duplantis domine sa discipline de façon quasi-philosophique. L’écart entre lui et le reste du monde est devenu presque irréel. Ses performances ne souffrent aucune contestation légitime.


Sydney McLaughlin-Levrone : Impressionnant, mais limité ?

Sydney McLaughlin-Levrone a marqué la saison avec un virage spectaculaire dans sa carrière. Après des années à dominer le 400m haies, elle s’est entièrement consacrée au 400m plat.

Les highlights de sa saison :

  • Titre mondial à Tokyo : 47.78 secondes
  • Record du championnat du monde depuis 42 ans
  • 2e meilleur temps féminin de tous les temps (400m)
  • Série de 24 victoires consécutives (400m plat et 400m haies)
  • Or olympique au relais 4x400m

C’est une performance remarquable. Cependant, sa saison a été concentrée sur un seul événement (et le relais). Ce qui amène à se demander si d’autres athlètes n’ont pas mérité davantage de considération.


Le cas oublié : Sebastian Sawe et l’épopée du marathon

C’est sur la route que se trouve le véritable débat. Sebastian Sawe a signé l’une des saisons les plus dominantes jamais vues au marathon.

Ses deux victoires magistrales :

Londres 2025
  • Temps : 2:02:27
  • Split dévastateur entre 30km et 35km : 13:56 (temps qu’on attend d’un coureur de 5km elite, pas d’un marathonien)
  • A couru seul pendant la majorité de la course
  • Victoire écrasante

Berlin 2025

  • Temps : 2:02:16 (meilleur temps du monde 2025)
  • Victoire de 4 minutes d’avance (une marge quasi-historique)
  • Conditions extrêmement chaudes
  • Performance solaire, incontestable

L’argument pour Sawe :

Le marathon est une discipline qui ne pardonne pas. Les champs sont massifs, remplis d’athlètes de haut niveau provenant de dizaines de pays. Une seule erreur de nutrition, de pacing ou de timing coûte la victoire. Sawe a dominé deux des plus grandes étapes du marathon mondial avec une confiance désinvolte.

Duplantis peut manquer une tentative ou deux et gagner tranquillement. Sawe court sur un fil. Il n’y a aucune marge d’erreur.

L’apport émotionnel : Pour la première fois depuis la mort de Kelvin Kiptum, nous voyons un coureur progresser régulièrement vers le record du monde du marathon et, encore plus important, vers la barrière psychologique des 2 heures. Sawe redonne de l’espoir au monde de la course à pied. C’est puissant.


L’empire de Beatrice Chebet : Une domination multi-distances

Si la saison de Sawe est impressionnante, celle de Beatrice Chebet dans les épreuves de fond est quasi-supernatural.

Les records et titres de Chebet :

  • Détentrice du record du monde : 5000m (13:58.06), 10000m (28:54.14), 5km route (13:54)
  • Titres olympiques : 5000m et 10000m (Paris)
  • Double titre mondial : 5000m et 10000m (Tokyo)
  • Record du monde du 5000m lors du Prefontaine Classic : première femme sous les 14 minutes
  • Dominante sur tous les terrains : piste, route, cross-country

Son exploit de Tokyo est particulièrement remarquable : dans le 10000m, elle a géré l’humidité brutale avec une autorité quasi-routinière. Une semaine plus tard, elle a devancé Faith Kipyegon au 5000m, rejoignant un groupe d’élite de trois femmes à avoir remporté les deux épreuves de fond aux Mondiaux.

L’argument pour Chebet :

Peu d’athlètes ont eu cette capacité gravitationnelle à dominer aussi largement l’ensemble d’un sport. Chebet a “défendu le sport entier” pendant un an. Sa saison était aussi complète et impressionnante que celle de McLaughlin-Levrone, sinon plus.


Faith Kipyegon et le mile “qui ne compte pas”

Et puis il y a Faith Kipyegon, devenue si brillante que même sa saison historique a été éclipsée.

Ses exploits officiels :

  • 4e titre mondial au 1500m (jamais égalé chez les femmes)
  • Argent au 5000m derrière Chebet
  • Dominance incontestée du mile féminin

Mais le moment qui a définit sa saison ? L’événement Breaking4 à Paris.

Le mile sous les 4 minutes : Un moment qui aurait dû compter

Faith Kipyegon a tenté de briser la barrière mythique des 4 minutes au mile lors d’une course conçue par Nike. Elle a traversé la ligne en 4:06.42, plus d’une seconde sous son propre record du monde.

Le temps n’est pas ratifié (pacemakers mâles, conditions contrôlées). Pourtant, l’accomplissement était historique : une femme franchissait pour la première fois la barrière des 4 minutes au mile.

L’incohérence de World Athletics :

Quand Eliud Kipchoge a cassé les 2 heures au marathon à Vienne sous des conditions quasi-identiques (pacemakers rotatifs, course contrôlée), cet exploit est devenu central à sa campagne d’Athlète de l’Année.

Kipyegon’s Breaking4 a été discuté globalement, rediffusé sans fin, et pour beaucoup de fans occasionnels, c’était la première fois qu’ils regardaient un mile en direct. Cela a compté dans les conversations du sport. Mais World Athletics a traité ça comme une simple “exhibition”.

Cette incohérence est difficile à ignorer.


Le problème plus large : Une cérémonie centrée sur la popularité

C’est ici que le véritable problème émerge. Le processus de sélection de World Athletics mélange votes d’experts, votes du conseil, et engagement sur les réseaux sociaux.

Le résultat : l’attention se concentre sur les athlètes déjà dominants dans les canaux promotionnels de la fédération. Une star du sprint américain et un phénomène suédois du saut à la perche occupent le centre du projecteur.

Les coureurs de fond, en particulier les marathoniens et les coureurs en dehors des diffusions Diamond League, ne jouissent jamais de la même visibilité.

L’effet : Une cérémonie qui ressemble moins à un reflet de la saison qu’à un concours de popularité.


Conclusion : L’occasion ratée

2025 a produit des performances transformatrices qui ont repoussé les limites du sport. Sawe a montré ce qui est possible au marathon. Chebet a conquis l’ensemble des épreuves de fond. Kipyegon a brisé une barrière psychologique majeure.

Ces athlètes ont apporté de nouveaux spectateurs. Ils ont changé les conversations. Ils ont créé du mouvement.

Mondo Duplantis et Sydney McLaughlin-Levrone méritaient leurs prix. Mais World Athletics a joué la sécurité. Elle a choisi les favoris du moment plutôt que de suivre les athlètes qui ont vraiment poussé le sport vers l’avant.

C’est l’occasion ratée d’une fédération qui aurait pu reconnaître où le centre de gravité du sport se déplaçait réellement. Au lieu de cela, elle a préféré rester dans le confort du familier.

Nicolas Dayez, Fondateur de Athlé expliqué

Qui est Nicolas ?

Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.

Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.

Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.

Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16

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