
Nous vivons une époque où le monde de la course à pied élite est en ébullition : les innovations dans les équipements, la nutrition, l’entraînement et les stratégies de course repoussent les limites de ce que nous pensions possible.
Au moment où j’écris ces lignes, au cours des neuf derniers jours, 5 records du monde majeurs sur des distances de course ont été battus, y compris une réduction spectaculaire de 48 secondes du record du monde du semi-marathon.
Et bien que ce soit le domaine des élites qui soit à l’avant-garde de ces nouvelles méthodes, ce qui est intéressant, c’est que vous et moi (les coureurs amateurs) avons accès à presque toutes ces innovations.
L’accès aux innovations pour tous
Quand Jacob Kiplimo a ébloui le monde avec son nouveau record du monde du semi-marathon, il portait des Nike Alphafly 3. Je peux entrer dans un magasin près de chez moi et acheter exactement les mêmes chaussures.
Avec les wearables et les applications de suivi, les coureurs occasionnels ont désormais la possibilité de tout quantifier dans leurs performances.
Une fracture entre performance et plaisir
Il y a toujours eu un fossé entre les coureurs axés sur la performance et ceux qui “courent juste pour courir”. Mais cette nouvelle vague de technologies d’optimisation continue d’accentuer cette division entre ceux qui poursuivent sans relâche de nouveaux records personnels (PR) et ceux qui veulent simplement profiter d’une course.
En réalité, alors que les élites deviennent de plus en plus rapides, les coureurs amateurs deviennent en fait plus lents.

L’évolution culturelle de la course à pied
Une culture axée sur la performance
Si vous regardez comment la course à pied a évolué ces dernières années, presque tous les changements semblent orientés vers une culture davantage axée sur la performance.
L’omniprésence de Strava signifie que chaque coureur (et tous ses abonnés) est conscient des données de sa dernière course : distance, vitesse, GAP (Grade Adjusted Pace), temps dans les zones de fréquence cardiaque, et même le nombre de fois où il a fait un double nœud à ses lacets.
De plus, l’abondance des conseils sur l’entraînement, la nutrition et le mode de vie provenant d’applications, podcasts, YouTube et réseaux sociaux peut facilement faire ressentir une pression aux coureurs occasionnels. Ils peuvent avoir l’impression que leurs routines ou entraînements ne sont pas “assez bons” parce qu’ils ne sont pas “optimisés”.
En bref, beaucoup d’éléments du monde de la course risquent d’exclure les coureurs occasionnels en martelant constamment le message de “performance” : que nous devrions tous être en compétition, suivre nos données et repousser nos limites.
Les marques commencent à réagir
Mais certaines marques commencent à remarquer cette tendance et apportent une réponse. Et cela commence avec Elmo.
Pourquoi courons-nous ?
La course à pied est complexe : il est difficile pour un coureur d’expliquer succinctement pourquoi il court. Mais quelles que soient les raisons, on peut généralement diviser les coureurs en deux groupes : ceux orientés vers la performance et ceux qui courent pour le plaisir.

- Les coureurs axés sur la performance investissent dans toutes les dernières technologies, chaussures et wearables. Leur VO2 max devient une monnaie sociale. Ils s’entraînent souvent pour un nouvel objectif ou record personnel.
- Les coureurs occasionnels, en revanche, courent sans se soucier des données. Ils diront probablement qu’ils courent pour rester en forme plutôt que pour atteindre un objectif précis comme un nouveau record.
Bien sûr, il existe un chevauchement entre ces deux catégories. Certains alternent entre des phases axées sur la performance et des périodes plus détendues.
Une pression croissante vers la performance
Ces dernières années, tant du côté des technologies que des marques, on pousse tous les coureurs vers une culture axée sur la performance. Cela représente une opportunité manquée pour parler aux coureurs occasionnels autrement.
L’innovation nous pousse vers la performance
L’impact des technologies sur les coureurs occasionnels
Voici le changement que j’ai remarqué ces cinq dernières années : les marques et technologies parlent aux coureurs occasionnels comme s’ils étaient des athlètes axés sur la performance.
- Tout utilisateur d’un wearable reçoit une avalanche d’informations après chaque course : niveau de forme physique relative, maintien du rythme, comparaison avec son cercle social numérique.
- Sur Strava, votre profil public affiche automatiquement vos records personnels (PB), visibles par tous pour comparaison.
Ces flux de données agissent comme des incitations subtiles pour que même les coureurs occasionnels se préoccupent davantage de leurs performances. Après tout, “ce qui est mesuré peut être amélioré”.
Un langage orienté performance
Le discours autour des chaussures et de la nutrition devient également plus axé sur la performance. Les coureurs axés sur cette dernière forment désormais une “élite” avec leur propre jargon et outils — souvent peu intéressants pour les coureurs occasionnels.
Les campagnes marketing : Performance vs Casualisation
Les campagnes récentes orientées performance
Si vous réfléchissez aux plus grandes campagnes marketing liées à la course au cours des 12 derniers mois :
- Nike : Campagne Winning Isn’t for Everyone.
- On : Technologie Lightspray.
- Lululemon : Ultramarathon féminin FURTHER.
Ces campagnes ciblent principalement le marché axé sur la performance.
Elmo change la donne
Une campagne rafraîchissante
Lors du dernier Super Bowl, On a lancé une campagne majeure intitulée Soft Wins, mettant en vedette Elmo. Cette publicité ne s’adresse pas seulement aux coureurs occasionnels ; elle remet également en question la définition même du succès dans la course à pied.
Avec humour et légèreté, Elmo pose une question importante : “Courir pour le plaisir : est-ce que ça peut être une victoire ?”
La campagne pour les chaussures Cloudsurfer 2 brise le moule en proposant une vision différente de ce qu’est “gagner”.
Peut-être que les coureurs occasionnels ne veulent pas optimiser
En tant que membre du cercle des “coureurs occasionnels”, je pense qu’On a remarqué quelque chose d’essentiel :
- Ce n’est pas parce que nous avons tous accès aux outils pour optimiser chaque aspect de notre performance qu’il faut forcément le faire.
- Tout le monde n’a pas besoin d’améliorer son VO2 max.
- Peut-être que gagner ne signifie pas toujours aller plus vite ou plus fort.
- Peut-être qu’il s’agit simplement d’apprécier ce moment où soft wins — où courir devient un plaisir simple plutôt qu’une quête constante d’objectifs.
Et peut-être qu’il est temps d’écouter Elmo au lieu de nos wearables.
Qui est Nicolas ?
Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.
Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.
Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.
Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16