
La première version avait secoué le monde du trail running avec un look radical et une promesse audacieuse : apporter la technologie des “super shoes” de route sur les sentiers techniques. L’adidas Terrex Agravic Speed Ultra 2.0 revient avec la lourde tâche de corriger les erreurs de jeunesse de son aînée tout en conservant ce dynamisme explosif qui a séduit les élites de l’UTMB et de la Western States.
Plus stable ? Plus durable ? Toujours aussi rapide ? Après avoir avalé plus de 250 kilomètres sur des terrains variés, des sentiers roulants aux descentes techniques rocailleuses, voici mon verdict complet sur celle qui prétend au trône de la meilleure chaussure de trail ultra-distance de l’année.
Caractéristiques Techniques
Avant de plonger dans le test terrain, voici la carte d’identité de la bête. Adidas a clairement retravaillé sa copie pour offrir un ratio poids/performance encore plus agressif.
- Poids : 265g (en taille 42 2/3)
- Drop : 8 mm (Stack : 38mm au talon / 30mm à l’avant-pied)
- Amorti : Mousse Lightstrike Pro intégrale (double densité)
- Plaque : Tiges en carbone Energy Rods (spécifiques trail)
- Semelle extérieure : Caoutchouc Continental™ avec crampons de 3,5 mm à 4 mm (profil agressif revisité)
- Tige : Mesh technique respirant sans coutures, renforcé aux points d’usure
- Laçage : Système classique avec œillets renforcés et languette à gousset
- Prix conseillé : 230 €


Design et Première Impression : Une bête de course
Au déballage, l’Agravic Speed Ultra 2.0 ne laisse pas indifférent. Le look est racé, agressif, avec cette bascule (rocker) avant très prononcée qui donne l’impression que la chaussure veut basculer vers l’avant même à l’arrêt.
La première version était critiquée pour son instabilité latérale et son chaussant parfois difficile. Ici, on sent qu’adidas a élargi légèrement la base au niveau du médio-pied. Le mesh semble plus robuste, moins “plastique” que la V1, offrant une sensation de confort immédiat plus proche d’une chaussette. En l’enfilant, le “lock-down” (verrouillage du pied) est rassurant : le talon ne bouge pas, un point crucial pour les longues descentes.
Sur le terrain : La magie du Lightstrike Pro
Dynamisme et Retour d’énergie
C’est la signature de ce modèle. Dès les premières foulées sur le plat ou en faux-plat montant, la magie opère. La combinaison de la mousse Lightstrike Pro et des tiges en carbone Energy Rods propulse littéralement le coureur. Contrairement à une plaque carbone rigide monobloc, les “Rods” offrent une certaine flexibilité latérale qui permet à la chaussure de mieux épouser les irrégularités du terrain tout en conservant un effet “ressort” impressionnant.
Sur les sections roulantes type “chemin blanc” ou sentier forestier, on a l’impression de courir avec une Adios Pro 3. La chaussure incite à accélérer, la foulée se fait plus aérienne, et l’économie de course sur la durée est palpable. Sur un ultra, cette économie d’énergie musculaire peut faire la différence dans les 30 derniers kilomètres.


Amorti et Confort Longue Distance
Avec un stack de 38mm au talon, on est clairement dans la catégorie des chaussures maximalistes. L’amorti est moelleux mais pas mou. La mousse absorbe les chocs violents en descente sans s’écraser totalement, préservant les articulations et les fibres musculaires.
J’ai testé cette paire sur une sortie longue de 5h : aucune douleur sous le pied, pas d’échauffement. La nouvelle languette, plus fine mais mieux rembourrée aux points de pression, joue parfaitement son rôle. L’Agravic Speed Ultra 2.0 est taillée pour durer, pour enchaîner les heures sans que le pied ne souffre de l’impact répété.
Stabilité et Technicité : Le vrai progrès
C’était le talon d’Achille de la V1. Sur la 2.0, adidas a corrigé le tir. Bien que l’on reste haut perché (ce qui demande une cheville solide), la plateforme élargie et la géométrie retravaillée des Energy Rods offrent une stabilité bien supérieure.
Dans les dévers et les pierriers, la chaussure pardonne davantage. On se sent moins “sur des échasses” et plus connecté au sentier. Attention toutefois : ce n’est pas une chaussure de skyrunning pur et dur. Dans les terrains extrêmement techniques et chaotiques, la hauteur de semelle demande de la vigilance. Mais pour 90% des parcours de trail (type UTMB, Templiers, Western States), elle passe partout avec aisance.


Accroche : La valeur sûre Continental
Rien à dire de ce côté-là, le partenariat avec Continental reste une référence absolue. La gomme accroche sur le sec comme sur le mouillé. Les crampons, légèrement redessinés, débourrent mieux la boue que sur la version précédente.
Sur roche mouillée, l’adhérence est bluffante, sécurisante. En descente rapide sur terre battue ou gravillons, le freinage est mordant. C’est un sans-faute pour la semelle extérieure.
Durabilité
Après 250 km, la mousse Lightstrike Pro n’a pas montré de signes d’affaissement prématuré (contrairement à certaines mousses PEBA concurrentes qui “plissent” vite). Le mesh n’a pas bougé malgré quelques rencontres avec des ronces et des rochers. La semelle Continental est quasi neuve. C’est une chaussure chère, certes, mais qui semble construite pour durer au moins 600 à 800 km en gardant ses qualités dynamiques.



Tableau Comparatif : Terrex Agravic Speed Ultra 2.0 vs La Concurrence
Pour vous aider à situer ce modèle, voici comment il se compare aux autres “super shoes” carbone du marché trail actuel.
| Modèle | Poids | Drop | Plaque | Points Forts | Pour qui ? |
|---|---|---|---|---|---|
| adidas Terrex Agravic Speed Ultra 2.0 | 265g | 8mm | Energy Rods (Carbone) | Dynamisme exceptionnel, Grip Continental, Polyvalence | Coureurs rapides cherchant l’économie musculaire sur Ultra |
| Hoka Tecton X 3 | 258g | 5mm | Carbone (Plaques parallèles) | Stabilité, Guêtre intégrée, Confort Hoka | Fans de drop faible et de stabilité maximale |
| Nike Ultrafly | 300g | 8mm | Flyplate (Carbone) | Semelle Vibram, Confort chaussant | Terrains très roulants et secs (type USA) |
| Asics Metafuji Trail | 260g | 5mm | Carbone | Précision, Légèreté | Coureurs techniques et légers |
| The North Face Summit VECTIV Pro 2 | 287g | 6mm | Carbone (à ailettes) | Stabilité latérale, Protection | Terrains techniques et coureurs robustes |
Verdict Final
L’adidas Terrex Agravic Speed Ultra 2.0 réussit son pari : transformer une chaussure “concept” en une véritable arme de guerre pour l’ultra-trail. En gommant les défauts de stabilité de la première version sans sacrifier une once de son dynamisme légendaire, adidas livre ici l’une des chaussures les plus abouties du marché.
Ce qu’on a aimé :
- Le retour d’énergie bluffant du combo Lightstrike Pro + Energy Rods.
- L’adhérence irréprochable de la semelle Continental.
- Le gain notable en stabilité par rapport à la V1.
- Le confort global sur la durée.
Ce qu’on a moins aimé :
- Le prix élevé (230€), bien que justifié par la technologie.
- La hauteur de semelle qui demande toujours un temps d’adaptation dans le technique.
- Le laçage qui peut parfois être difficile à ajuster parfaitement du premier coup.
Est-ce la chaussure qu’il vous faut ?
Si vous visez un chrono sur un ultra roulant à mixte, si vous cherchez à économiser vos jambes pour le dernier quart de la course, et si vous avez une foulée relativement propre, la réponse est un grand OUI. L’Agravic Speed Ultra 2.0 n’est pas juste une chaussure rapide, c’est une chaussure qui vous aide à courir mieux, plus longtemps. Une référence est (re)née.
Qui est Nicolas ?
Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.
Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.
Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.
Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16

