L’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) représente le Graal pour tout trailer. Cette course mythique de 176 km autour du massif du Mont-Blanc attire chaque année plus de 10 000 coureurs et génère un rassemblement de 32 500 personnes dans la vallée de Chamonix. Mais derrière le rêve sportif se cache une réalité environnementale préoccupante qui soulève de nombreuses questions.
L’ampleur du phénomène UTMB
Une croissance exponentielle
L’édition 2024 a battu tous les records avec une hausse de 30% des préinscriptions, atteignant 7 200 candidatures pour la course principale. Cette popularité grandissante témoigne de l’attrait indéniable de l’événement mais soulève aussi des interrogations sur sa durabilité.
Un rayonnement international
Bien qu’ancré dans son territoire avec 40% de participants français, l’UTMB attire des coureurs du monde entier. Cette dimension internationale, si elle contribue au prestige de l’événement, pose la question cruciale de l’impact carbone lié aux déplacements.
L’empreinte environnementale
Un bilan carbone préoccupant
Le bilan carbone de l’UTMB s’élève à 11 610 tonnes équivalent CO2, soit environ 1,3 tonne par coureur. Même si ce chiffre reste 5,5 fois inférieur à celui de Roland-Garros, il représente une empreinte significative pour un événement outdoor.
Le transport, talon d’Achille écologique
Plus de 80% des émissions carbone de l’événement sont liées aux transports. En 2024, malgré les efforts des organisateurs, ce point noir écologique reste le principal défi à relever. Le plan “UTMB Mobility” a permis d’éviter 6 000 voitures dans la vallée, économisant 200 tonnes de CO2.
Les initiatives environnementales
Stratégie UTMB for the Planet
L’organisation a développé une stratégie sustainability “UTMB for the planet” articulée autour de trois piliers :
- Protection de l’environnement.
- Développement territorial.
- Bien-être humain.
Actions concrètes
Les mesures mises en place incluent :
- Réduction des plastiques à usage unique.
- Nettoyage systématique des chemins balisés.
- Mise en place d’une plateforme de covoiturage.
- Renforcement des transports collectifs.
Le regard des experts
La vision des scientifiques
Juliette Blanchet, triple “finisher” et chercheuse en climatologie, souligne la contradiction inhérente à l’événement : “On fait un sport qui est censé être proche de la nature. En tant que coureur, c’est un événement magnifique car on a l’impression de faire les JO. Mais d’un point de vue environnemental, force est de constater que la situation est assez critique“.
Les engagements futurs
L’UTMB s’engage à compenser intégralement les émissions non réductibles, avec une contribution estimée entre 15 000 et 20 000 euros pour 2024. L’organisation vise également la mise en place de 40 initiatives environnementales d’ici 2025.
Analyse comparative des initiatives environnementales des grands trails français
Ce tableau présente une vue d’ensemble des efforts environnementaux déployés par les principales courses de trail en France, mettant en évidence trois aspects clés :
- Les initiatives concrètes en faveur du développement durable.
- L’empreinte carbone mesurée.
- Les stratégies de gestion des déchets.
Nom de l’événement | Émissions carbone (tCO2e) | Gestion des déchets | Initiatives de développement durable |
---|---|---|---|
UTMB | 11 610 tonnes équivalent CO2, soit environ 1,3 tonne par coureur | Les participants doivent garder leurs déchets jusqu’aux points de ravitaillement. Les déchets sauvages sont strictement interdits. | L’initiative ‘UTMB for the Planet’ vise à mettre en œuvre 40 initiatives durables d’ici 2025, axées sur la régénération environnementale et l’engagement communautaire. |
La Diagonale des Fous | – | Les participants doivent utiliser des gobelets réutilisables et porter leurs déchets ; des pénalités sont appliquées en cas d’infraction. | Une charte de propreté est en place, avec des partenariats avec le parc national pour la protection de l’environnement. |
Grand Raid des Pyrénées | – | Les participants doivent porter leurs déchets jusqu’au prochain ravitaillement et éviter le plastique jetable ; toilettes sèches disponibles. | Abandon de la vaisselle plastique jetable, installation de toilettes sèches, soutien aux associations locales via les inscriptions. |
L’Échappée Belle | – | Tri des déchets aux ravitaillements, vaisselle compostable et éco-gobelets. | Participants limités, approvisionnement local, signalétique écologique, promotion des transports en commun et covoiturage. |
La SaintéLyon | – | Limitation des voitures individuelles et promotion du recyclage ; suppression du plastique jetable. | Élimination du plastique jetable, gobelets réutilisables, réduction des t-shirts finishers, production relocalisée en Europe. |
Le Festival des Templiers | – | Interdiction des gobelets et assiettes plastiques jetables ; utilisation d’éco-gobelets et éco-assiettes ; collaboration avec les services locaux de gestion des déchets. | Engagement pour l’approvisionnement local, collaboration avec des organisations environnementales, charte de 15 engagements éco-responsables. |
La 6000D | – | Suppression des gobelets jetables ; bacs de recyclage ; fontaines à eau pour réduire l’usage des bouteilles plastiques. | Collaboration avec les comités environnementaux ; travail avec l’Office National des Forêts ; sensibilisation des participants aux enjeux environnementaux. |
Le Trail de la côte d’opale | – | Pas de gobelets plastiques fournis ; les participants doivent apporter leurs propres contenants réutilisables. | Les participants doivent utiliser leurs propres gourdes, disqualification en cas de déchets sauvages. |
Le Grand Trail des Écrins | – | Engagement éco-responsable et absence de gobelets plastiques pendant l’événement. | Un engagement fort en faveur du développement durable, notamment à travers l’élimination des gobelets plastiques pendant l’événement et une politique de gestion responsable des déchets |
La Maxi Race Annecy | – | Élimination des bouteilles d’eau en plastique et mise en place de points d’eau. | Efforts pour limiter l’empreinte carbone et collaboration avec les associations locales pour la protection de l’environnement. |
Données comparatives
Pour mettre ces chiffres en perspective :
- Un traileur actif génère en moyenne 2,2 tonnes de CO2 par an uniquement pour sa pratique du trail.
- L’empreinte carbone d’un Français moyen est de 9,2 tonnes CO2e par an.
Note importante
Pour les autres courses mentionnées (La Diagonale des Fous, Grand Raid des Pyrénées, L’Échappée Belle, La SaintéLyon, Le Festival des Templiers, La 6000D, Le Trail de la côte d’opale, Le Grand Trail des Écrins, La Maxi Race Annecy), les bilans carbones précis ne sont pas disponibles.
Cette absence de données souligne un manque général de transparence sur l’impact environnemental des événements de trail. La Diagonale des Fous a une empreinte carbone estimée 9 fois plus élevée qu’un événement sportif annuel en plein air comme le Tour de France, principalement en raison de l’acheminement des coureurs par vols long-courrier.
UTMB : Un équilibre délicat entre performance et écologie
L’UTMB se trouve à la croisée des chemins. Entre performance sportive et responsabilité environnementale, l’événement doit réinventer son modèle pour assurer sa pérennité.
Les actions entreprises montrent une réelle prise de conscience, mais le chemin vers un événement véritablement durable reste long.
La question n’est peut-être plus de savoir si l’UTMB est un défi sportif ou un désastre écologique, mais plutôt comment transformer ce rendez-vous mythique en un modèle de transition écologique pour le sport outdoor.
FAQ
Quel est l’impact carbone réel de l’UTMB ?
L’UTMB génère 11 610 tonnes équivalent CO2, soit environ 1,3 tonne par coureur, principalement dû aux transports des participants.
Quelles sont les principales mesures environnementales mises en place ?
L’UTMB a développé le plan “UTMB for the Planet” qui inclut la réduction des plastiques, le nettoyage des sentiers, et un système de transport collectif.
Comment l’UTMB compte-t-il réduire son impact environnemental ?
L’organisation prévoit 40 initiatives environnementales d’ici 2025 et s’engage à compenser les émissions non réductibles.
L’UTMB peut-il devenir un événement durable ?
L’événement travaille activement sur sa transition écologique, avec des objectifs concrets de réduction d’impact et des investissements significatifs.
Combien de participants l’UTMB accueille-t-il ?
L’édition 2024 compte 7 200 candidatures pour la course principale, avec une augmentation de 30% des préinscriptions.
Quelle est la proportion de coureurs internationaux ?
L’UTMB Mont-Blanc 2024 maintient un fort ancrage européen tout en attirant une participation internationale significative :
Répartition géographique
Représentation européenne :
- 75% des participants sont européens.
- 40% sont français.
- Les pays européens dominants sont la France, la Suisse, l’Italie et l’Espagne.
Participation internationale
- 118 nationalités différentes sont représentées.
- 25% des participants viennent de pays hors Europe.
- On note une forte croissance de la participation américaine avec une augmentation de 56% des pré-inscriptions par rapport à 2023.
Top des nationalités représentées (hors Europe)
Les pays non-européens les plus représentés sont :
- États-Unis.
- Chine.
- Hong-Kong.
- Argentine.
- Brésil.
- Australie.
- Thaïlande.
- Japon.
Cette diversité internationale continue de croître, démontrant l’attrait mondial grandissant de l’événement, même si l’Europe reste le bassin principal de participants.
Comment l’UTMB gère-t-il la mobilité des participants ?
Le plan “UTMB Mobility” a permis d’éviter 6 000 voitures dans la vallée, économisant 200 tonnes de CO2.
Quel est le coût de la compensation carbone pour l’UTMB ?
L’organisation prévoit une contribution entre 15 000 et 20 000 euros pour 2024 pour la compensation carbone.
Source :
20 ans d’UTMB: de la construction du mythe à un avatar de l’hypermodernité – ouvrage d’Olivier Bessy
Qui est Nicolas ?
Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.
Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.
Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.
Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16