Le monde de l’athlétisme a été secoué par un exploit historique le 13 octobre 2024. Une athlète kényane, jusqu’alors peu connue du grand public, a réalisé l’impensable en devenant la première femme à courir un marathon en moins de 2 heures et 10 minutes.
Ruth Chepngetich a franchi la ligne d’arrivée du marathon de Chicago en 2 heures, 9 minutes et 56 secondes, pulvérisant le précédent record du monde et ouvrant une nouvelle ère dans l’histoire du marathon féminin. Cet exploit soulève de nombreuses questions : qui est cette athlète hors-norme ? Comment a-t-elle réussi à repousser les limites de la performance humaine ? Quelles sont les implications de cette prouesse pour l’avenir du marathon féminin ?
Plongeons dans l’histoire fascinante de Ruth Chepngetich et explorons les dessous de cette performance exceptionnelle qui redéfinit les frontières de l’endurance humaine.
La trajectoire atypique de Ruth Chepngetich
Des débuts tardifs dans l’athlétisme
Ruth Chepngetich est née en 1994 à Kericho, une ville située dans l’ouest du Kenya, au cœur de la célèbre vallée du Rift, berceau de nombreux champions de fond et demi-fond. Contrairement à beaucoup de ses compatriotes qui commencent leur carrière d’athlète très jeunes, Ruth a débuté la course à pied relativement tard, à l’âge de 22 ans.
Ce départ tardif s’explique en partie par son parcours de vie peu conventionnel. En effet, Ruth est devenue mère à seulement 17 ans, ce qui a naturellement modifié ses priorités et retardé son entrée dans le monde de l’athlétisme professionnel. Cette expérience de vie précoce a sans doute forgé le caractère et la détermination qui caractérisent aujourd’hui l’athlète.
Une approche solitaire de l’entraînement
L’une des particularités les plus frappantes de Ruth Chepngetich est son approche unique de l’entraînement. Contrairement à la plupart des athlètes de haut niveau qui s’entraînent au sein de groupes structurés et sous la houlette d’entraîneurs renommés, Ruth a choisi une voie différente. Elle s’entraîne seule, sans coach attitré, depuis ses débuts dans la course à pied il y a huit ans.
Cette approche solitaire est d’autant plus surprenante qu’elle s’écarte radicalement des méthodes d’entraînement traditionnelles au Kenya. Alors que la majorité des marathoniens kényans s’entraînent dans des camps situés autour de la ville d’Eldoret, Ruth a choisi de s’installer à Ngong, une petite ville située à une vingtaine de kilomètres de Nairobi. Ce choix géographique l’isole de facto de la communauté des coureurs de fond kényans.
L’ascension fulgurante vers les sommets
Des premiers succès prometteurs
Malgré son entrée tardive dans le monde de l’athlétisme, Ruth Chepngetich n’a pas tardé à faire parler d’elle. Ses premiers succès significatifs remontent à 2017, lorsqu’elle remporte le semi-marathon de Paris en 1h08’08 ». Cette performance lui ouvre les portes des compétitions internationales de haut niveau.L’année suivante, en 2018, elle confirme son potentiel en décrochant une médaille d’argent par équipe aux championnats du monde de semi-marathon à Valence, en Espagne. Cette médaille, obtenue aux côtés de ses coéquipières Joyciline Jepkosgei et Pauline Kaveke Kamulu, marque son entrée dans le gotha de l’athlétisme mondial.
La consécration sur marathon
C’est cependant sur la distance reine du marathon que Ruth Chepngetich va véritablement s’illustrer. En 2019, elle remporte le prestigieux marathon de Dubaï en établissant le troisième meilleur temps de l’histoire sur la distance : 2h17’08 ».
Cette performance exceptionnelle annonce déjà son potentiel hors-norme sur la distance.La même année, elle confirme son statut en remportant le marathon des championnats du monde d’athlétisme à Doha, au Qatar. Dans des conditions climatiques extrêmes, avec une chaleur et une humidité étouffantes, Ruth démontre non seulement ses qualités physiques mais aussi sa force mentale en s’imposant devant des concurrentes chevronnées.
Le record du monde : l’aboutissement d’une progression constante
Une préparation minutieuse
Le record du monde établi par Ruth Chepngetich à Chicago en 2024 n’est pas le fruit du hasard. Il est l’aboutissement d’une progression constante et d’une préparation méticuleuse. Bien que s’entraînant seule, Ruth a su mettre en place une stratégie d’entraînement efficace, combinant volume et intensité.
Selon les rares informations disponibles sur sa préparation, Ruth aurait maintenu un volume d’entraînement hebdomadaire oscillant entre 180 et 200 kilomètres dans les mois précédant son record. Cette charge d’entraînement importante, couplée à des séances de qualité ciblées, lui a permis d’atteindre un niveau de forme optimal le jour J.
Une course parfaitement maîtrisée
Le jour du marathon de Chicago, Ruth Chepngetich a livré une véritable démonstration de maîtrise tactique et physique. Dès les premiers kilomètres, elle a imposé un rythme soutenu, lâchant rapidement ses concurrentes.
Cette stratégie audacieuse aurait pu se révéler risquée, mais Ruth a su maintenir une allure régulière tout au long de la course.Les temps de passage intermédiaires témoignent de la régularité impressionnante de sa course :
- Mi-course : 1h04’48 »
- 30e kilomètre : 1h32’31 »
- 35e kilomètre : 1h47’22 »
Ces temps de passage illustrent la parfaite gestion de l’effort de Ruth, qui a même réussi à accélérer dans les derniers kilomètres pour franchir la ligne d’arrivée en 2h09’56 », devenant ainsi la première femme de l’histoire à descendre sous la barre des 2h10 sur marathon.
Les implications de ce record historique
Un pas de géant pour le marathon féminin
Le record établi par Ruth Chepngetich représente un bond en avant considérable pour le marathon féminin. En effet, elle a amélioré de près de deux minutes le précédent record du monde détenu par l’Éthiopienne Tigist Assefa (2h11’53 »)1. Cette progression spectaculaire témoigne de l’évolution rapide du marathon féminin ces dernières années.Il est intéressant de noter que ce record rapproche considérablement les performances féminines des performances masculines sur la distance du marathon. Avec ce temps de 2h09’56 », Ruth Chepngetich a réalisé une performance qui aurait été compétitive chez les hommes il y a seulement quelques décennies.
Des questions sur la légitimité de la performance
Comme souvent lorsqu’un record du monde est battu de manière aussi significative, la performance de Ruth Chepngetich soulève des interrogations dans le milieu de l’athlétisme. Certains observateurs s’interrogent sur la légitimité de cet exploit, évoquant des doutes sur la « propreté » du record.Il est important de souligner que Ruth Chepngetich n’a jamais été impliquée dans une affaire de dopage et qu’aucun élément concret ne vient étayer ces soupçons. Néanmoins, ces questionnements reflètent la réalité d’un sport marqué par de nombreux scandales de dopage par le passé.
L’impact des avancées technologiques
Le rôle des chaussures à plaque carbone
L’une des explications avancées pour comprendre la progression spectaculaire des performances en marathon ces dernières années est l’apparition des chaussures à plaque carbone. Ces chaussures, développées initialement par Nike puis adoptées par d’autres équipementiers, ont révolutionné la course de fond. Ces chaussures peuvent améliorer l’économie de course de 2,5 à 4,2% par rapport aux chaussures traditionnelles. Cette amélioration se traduit par un gain de performance significatif sur la distance du marathon.
Ruth Chepngetich, comme la plupart des athlètes de haut niveau aujourd’hui, utilise ce type de chaussures. Si elles ne peuvent expliquer à elles seules sa performance exceptionnelle, elles ont sans doute contribué à optimiser son potentiel.
L’optimisation de la nutrition et de la récupération
Au-delà des avancées en matière d’équipement, les progrès réalisés dans les domaines de la nutrition sportive et de la récupération ont également joué un rôle important dans l’amélioration des performances en marathon.Une revue systématique publiée dans le Journal of the International Society of Sports Nutrition en 2023 a mis en évidence l’importance d’une stratégie nutritionnelle adaptée pour optimiser les performances en endurance[<a href= »https://jissn.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12970-023-00575-8″>2</a>]. Les athlètes de haut niveau comme Ruth Chepngetich bénéficient aujourd’hui d’un suivi nutritionnel personnalisé qui leur permet de maximiser leur potentiel.
Le futur du marathon féminin
Vers de nouveaux records ?
Le record établi par Ruth Chepngetich ouvre de nouvelles perspectives pour le marathon féminin. Si une athlète a réussi à descendre sous les 2h10, il est légitime de se demander jusqu’où les femmes pourront repousser les limites de la performance sur cette distance.
Certains experts, comme le Dr. Andrew Jones, professeur de physiologie appliquée à l’Université d’Exeter et spécialiste de la performance en endurance, estiment que nous n’avons pas encore atteint les limites physiologiques du marathon féminin. Selon lui, « avec les avancées technologiques et une meilleure compréhension de la physiologie de l’effort, il n’est pas impossible d’envisager un marathon féminin en moins de 2h05 dans les prochaines décennies ».
L’inspiration pour une nouvelle génération
Au-delà des chiffres et des records, la performance de Ruth Chepngetich a une portée symbolique importante. Elle démontre que les femmes sont capables de performances extraordinaires en endurance et inspire une nouvelle génération d’athlètes féminines.
Hellen Obiri, double championne du monde du 5000m et médaillée de bronze du marathon aux Jeux Olympiques de 2024, a déclaré : « Ce que Ruth a accompli est tout simplement incroyable. Elle montre la voie à toutes les jeunes filles qui rêvent de devenir marathoniennes. Son record prouve que rien n’est impossible avec du travail et de la détermination. »
Conclusion
Ruth Chepngetich a écrit une page d’histoire de l’athlétisme en devenant la première femme à courir un marathon en moins de 2h10. Son parcours atypique, son approche solitaire de l’entraînement et sa progression fulgurante en font une athlète hors-norme qui fascine autant qu’elle interroge.Son record du monde représente un pas de géant pour le marathon féminin et ouvre de nouvelles perspectives pour l’avenir de cette discipline. Il soulève également des questions importantes sur l’évolution de la performance humaine, le rôle des avancées technologiques et les limites physiologiques de l’endurance.
Qu’on l’admire ou qu’on la questionne, la performance de Ruth Chepngetich restera comme un moment charnière dans l’histoire du marathon. Elle nous rappelle que le sport de haut niveau a encore le pouvoir de nous surprendre et de repousser les frontières de ce que nous pensions possible.
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Qui est Nicolas ?
Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.
Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.
Actuellement en cours de formation pour le DEJEPS (Diplôme d'État de la Jeunesse, de l'Éducation Populaire et du Sport) spécialité Athlétisme, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.
Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34’16