
Une offre colossale aurait été proposée à Eliud Kipchoge, le légendaire coureur de marathon kényan. Selon les informations circulant sur les réseaux sociaux, un magnat du pétrole saoudien aurait proposé au champion olympique un contrat spectaculaire : un milliard de dollars d’avance, suivi de 500 millions de dollars par an pendant une décennie, avec des bonus additionnels et même un stade à Riyad portant son nom.
Bien qu’aucune confirmation officielle n’ait été émise par le camp de Kipchoge, ni aucun contrat vérifiable ne soit visible publiquement, cette rumeur détaillée mérite une analyse approfondie.
Elle ne représente pas simplement une histoire sensationnaliste, mais s’inscrit dans une logique systématique : celle de la présence croissante de l’Arabie Saoudite dans le sport mondial.
L’expansion saoudienne dans le sport international : un modèle établi
L’Arabie Saoudite n’a pas attendu pour pénétrer les grandes disciplines sportives. Son stratégie d’influence suit un modèle cohérent et largement documenté.
Le football a été le point d’entrée principal. La Ligue Saoudienne Professionnelle a attiré des stars européennes en proposant des salaires sans précédent, surpassant largement les offres des clubs occidentaux. En 2024, la FIFA a formalisé un partenariat global avec Saudi Aramco, et l’Arabie Saoudite a été confirmée comme hôte de la Coupe du Monde 2034.
La Formule 1 a suivi le même parcours d’intégration. Le circuit de la Corniche de Djeddah figure désormais au calendrier international, avec des négociations en cours pour ajouter d’autres événements majeurs.
La boxe poids lourds s’est progressivement implantée à Riyad, transformant la capitale saoudienne en centre de grands combats mondiaux. Le golf, autrefois discipline traditionnelle, a connu une rupture lorsque LIV Golf a émergé avec un modèle de financement révolutionnaire, forçant même le PGA Tour à négocier une fusion.
L’athlétisme avait jusqu’à présent échappé à cette vague d’investissements majeurs. Mis à part l’organisation occasionnelle de courses routières et le sponsoring d’événements mineurs, l’Arabie Saoudite ne figurait pas parmi les acteurs importants de l’athlétisme mondial.
Le tournant : l’investissement stratégique dans World Athletics
Ce scénario a commencé à évoluer lorsque le Fonds d’Investissement Public (PIF) saoudien a initié des explorations d’investissements majeurs dans la branche commerciale de World Athletics entre 2023 et 2024.
Ces discussions sensibles ont suscité des questionnements internes au sein de World Athletics concernant la réputation institutionnelle, l’indépendance et l’influence politique. Bien que l’accord n’ait pas abouti publiquement, il a clairement signalé une intention stratégique : faire pénétrer le capital saoudien dans le sport olympique le plus global.
Le principe est simple : si le capital financier peut transformer le football et la Formule 1, pourquoi ne pourrait-il pas restructurer l’athlétisme, le sport olympique disposant d’un potentiel commercial massif et largement sous-exploité ?
Le sport-washing : la technique de redynamisation d’image par le sport
Pour comprendre la pertinence d’une telle offre à Kipchoge, il faut examiner le concept fondamental que critiques et analystes décrivent depuis des années : le sport-washing.
Le sport-washing fonctionne selon un principe simple dans sa théorie, mais complexe dans son exécution. L’idée centrale est qu’un État utilise le sport – les grands événements, les athlètes vedettes, les partenariats internationaux – pour améliorer son image internationale.
La critique ne porte pas simplement sur l’organisation d’événements sportifs ou le sponsoring d’athlètes. Les nations le font depuis toujours. Elle vise plutôt l’utilisation stratégique du sport pour atténuer des préoccupations de réputation, détourner l’attention de questions de droits humains, ou se positionner comme une puissance mondiale montante par le biais de l’influence culturelle plutôt que par la diplomatie conventionnelle.
Le mécanisme fonctionne parce que le sport est émotionnel. Il contourne les considérations politiques et parle directement à l’identité, aux rêves collectifs et au sentiment d’appartenance.
L’investissement saoudien dans le sport mondial s’inscrit précisément dans cette logique de façonnage d’image. L’ampleur est massive, la rapidité est sans précédent, et les cibles privilégiées sont suffisamment prestigieuses pour modifier les récits internationaux.
Eliud Kipchoge, dans ce contexte, représenterait une pièce majeure : le coureur de distance le plus célèbre du 21ème siècle, arborant le drapeau saoudien dans les plus grands marathons mondiaux.
Pourquoi Kipchoge incarne une rupture dans l’athlétisme
Ce qui rend cette offre supposée si provocatrice est que l’athlétisme s’est toujours accroché à une forme de simplicité morale. La nationalité dans l’athlétisme de piste est inséparable de l’enfance, de la généalogie et des systèmes de développement.
Lorsque des coureurs kenyans se sont convertis pour représenter le Qatar ou Bahreïn dans les années 2000, cela a généré des débats mondiaux parce que cela semblait violer une règle non écrite : les athlètes appartiennent aux nations qui les ont élevés. World Athletics a finalement gelé puis restructuré les règles concernant les transferts de nationalité, en partie pour freiner la marchandisation des passeports.
Et pourtant, Kipchoge lui-même n’a jamais exprimé d’intérêt pour courir pour une autre nation. Ses déclarations publiques au fil des années ont constamment encadré la course comme un service rendu au Kenya, à l’idée du potentiel humain, et à la prochaine génération d’athlètes de la Vallée du Rift.
L’absence de confirmation : ce qu’elle signifie réellement
Il n’existe aucun document officiel, aucune conférence de presse, aucune confirmation de l’une ou l’autre partie. Les journalistes ne disposent d’aucune source vérifiée, et l’histoire circule principalement sur les plateformes numériques comme rumeur non substantiée.
Cependant, ce que cette rumeur révèle est fondamental : l’athlétisme entre progressivement dans le même territoire que le football, le golf et la Formule 1 ont déjà navigué. Le capital mondial tente d’acquérir les symboles les plus iconiques de nos sports.
La question centrale : l’avenir de l’athlétisme face aux investissements massifs
Cette affaire Kipchoge – qu’elle soit confirmée ou purement spéculative – force une réflexion stratégique sur l’orientation future du sport mondial. L’athlétisme, longtemps perçu comme le sport olympique le plus pur, fait face à une pression croissante de monétisation.
Les athlètes, notamment les légendes comme Kipchoge, deviennent des ressources stratégiques pour les États cherchant à redéfinir leur position mondiale. Les sommes impliquées – des milliards de dollars – dépassent largement ce que les fédérations nationales peuvent rivaliser.
L’industrie de l’athlétisme doit s’interroger : comment préserver l’intégrité du sport face à ces pressions financières ? Comment protéger la nationalité et la représentation authentique lorsque les incentives financiers deviennent si colossaux ?
Jusqu’à présent, il n’existe aucune preuve confirmée que Kipchoge ait accepté ou même considéré sérieusement une telle offre. Ses actions et paroles continuent d’indiquer un attachement profond au Kenya et à la philosophie olympique.
Mais l’existence même de cette rumeur – sa crédibilité relative basée sur la coïncidence avec les investissements saoudiens documentés – signale que l’ère de l’athlétisme préservé de la mercantilisation mondiale pourrait toucher à sa fin.
Qui est Nicolas ?
Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.
Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.
Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.
Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16

