Mondiaux d’athlétisme 2025 les athlètes françaises contraintes au test de féminité, une polémique relancée
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À quelques jours de l’ouverture des Championnats du monde d’athlétisme 2025 à Tokyo, une nouvelle polémique secoue le monde sportif français.

Pour la première fois, les athlètes féminines tricolores ont été contraintes de passer le controversé test de féminité imposé par World Athletics. Cette décision relance un débat éthique et scientifique majeur sur les critères d’éligibilité dans le sport féminin de haut niveau.

Un test obligatoire qui divise le monde sportif

Depuis le 1er septembre 2025, World Athletics impose un test génétique du gène SRY à toutes les femmes souhaitant concourir dans les compétitions internationales. Ce test, effectué par prélèvement buccal ou sanguin, vise à détecter la présence du chromosome Y, marqueur du sexe biologique masculin selon la fédération internationale.

Le jeudi 11 septembre, à deux jours seulement de l’ouverture des Mondiaux de Tokyo, les athlètes françaises ont finalement pu passer ce test sous la supervision de médecins de World Athletics. Cette situation tardive s’explique par l’interdiction légale de ces analyses sur le sol français, conformément à la loi de bioéthique de 2021.

Un malaise palpable chez les sportives françaises

Les réactions des athlètes tricolores témoignent d’un profond malaise face à cette obligation. Rénelle Lamote, finaliste olympique sur 800 mètres, confie sa gêne : En tant que femme, se faire tester, il y a quelque chose d’inconfortable. Cela nous met toutes dans la situation d’athlètes comme Caster Semenya.

Hilary Kpatcha, spécialiste du saut en longueur et espoir de médaille française, exprime également son incompréhension : Je suis un peu mal à l’aise de devoir prouver ma féminité. Je n’arrive pas trop à comprendre pourquoi on doit faire ça.

Marie-Julie Bonnin, championne du monde en salle de perche, avoue avoir eu un peu peur l’histoire des boxeuses, en référence au récent fiasco des boxeuses françaises privées des Mondiaux de Liverpool faute de résultats arrivés à temps.

Une dérogation négociée de justesse

Contrairement aux boxeuses tricolores exclues des championnats du monde début septembre, les athlètes françaises ont bénéficié d’une dérogation exceptionnelle négociée par la Fédération française d’athlétisme (FFA). Frank Bignet, directeur technique national, explique : Nous avons travaillé main dans la main avec World Athletics depuis plusieurs mois pour que la règle s’applique à toutes mais également pour que la loi française soit respectée.

Cette situation illustre la complexité juridique du dossier. En France, les tests génétiques ne peuvent être pratiqués qu’à des fins médicales, de recherche scientifique ou, de manière très encadrée, dans la lutte contre le dopage, ce qui exclut les vérifications d’éligibilité sportive.

Une mesure controversée scientifiquement

La communauté scientifique exprime de sérieuses réserves sur ces tests. Andrew Sinclair, le scientifique australien qui a découvert le gène SRY en 1990, dénonce une approche trop simpliste : La détermination du sexe biologique est beaucoup plus complexe et les caractéristiques chromosomiques, gonadiques, hormonales et sexuelles secondaires jouent toutes un rôle.

Anaïs Bohuon, sociologue du sport à l’université Paris-Saclay et spécialiste de la question, critique une vision beaucoup trop binaire du sexe. Elle souligne que ces tests visent en réalité à exclure les femmes trans et intersexes, comme Caster Semenya.

L’Allemande Malaika Mihambo, championne olympique de saut en longueur, résume la position de nombreuses athlètes en qualifiant ce test de juridiquement discutable, éthiquement délicat et scientifiquement réducteur.

Un contexte de polémiques récurrentes

Cette décision s’inscrit dans une volonté affichée de World Athletics de protéger l’intégrité du sport féminin. La fédération internationale a durci progressivement sa réglementation, excluant en 2023 les athlètes transgenres ayant effectué leur transition après la puberté et imposant des traitements hormonaux aux femmes hyperandrogènes.

L’affaire Caster Semenya reste emblématique de ces controverses. La double championne olympique sud-africaine, présentant une variation du développement sexuel, a obtenu gain de cause devant la Cour européenne des droits de l’homme en juillet 2025 pour violation de son droit à un procès équitable.

Plus récemment, les polémiques autour des boxeuses Imane Khelif et Lin Yu-ting aux JO de Paris 2024 ont alimenté ce débat mondial.

Des implications à long terme

Ce test unique et à vie, selon World Athletics, concerne désormais plus de 90 % des athlètes féminines mondiales selon le président Sebastian Coe. Si une sportive est porteuse du gène SRY, elle sera définitivement exclue de la catégorie féminine, même en l’absence de développement de caractères masculins.

Pour les athlètes françaises présentes à Tokyo, l’épisode illustre la complexité croissante des enjeux liés à l’identité de genre dans le sport de haut niveau. Au-delà du malaise exprimé, ces tests soulèvent des questions fondamentales sur l’équité sportive, les droits humains et l’évolution de la science dans un domaine où les certitudes semblent de plus en plus fragiles.

Les Mondiaux d’athlétisme de Tokyo, qui s’ouvrent ce samedi 13 septembre, seront ainsi marqués par cette première application controversée d’une mesure appelée à transformer durablement le paysage du sport féminin international.

Nicolas Dayez, Fondateur de Athlé expliqué

Qui est Nicolas ?

Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.

Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.

Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.

Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16

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