
Noah Lyles, le sprinteur américain de 28 ans, évoque désormais ouvertement sa retraite sportive. Fraîchement couronné champion du monde du 200 mètres pour la quatrième fois consécutive à Tokyo, l’athlète star parle avec une rare sincérité de l’avenir et de sa relation au temps qui passe.
Un palmarès exceptionnel qui approche de son apogée
Le natif de Gainesville en Floride a marqué l’histoire du sprint mondial en 2025 en égalant le légendaire Usain Bolt avec quatre titres mondiaux sur 200 mètres. Cette victoire à Tokyo, obtenue avec un temps de 19″52, confirme sa domination absolue sur sa distance de prédilection.
“Je sais que j’aurai couru mon dernier tour quand je quitterai des Championnats du monde sans médaille”, a-t-il confié récemment lors d’une interview. “Et ce ne sera pas à cause d’une blessure ou quelque chose comme ça. Quand j’échouerai à faire équipe parce que je ne serai plus le numéro un, c’est là que je saurai qu’il est temps.”

Une fin de carrière planifiée entre 2028 et 2032
L’Américain a déjà esquissé les contours de sa fin de carrière, situant sa dernière saison quelque part entre 2028 et 2032. Cette planification écarte de facto sa participation aux Jeux Olympiques de Brisbane 2032, où il aura 35 ans. Interrogé sur une éventuelle poursuite au-delà de cette échéance, sa réponse est catégorique : “Certainement pas.”
Cette approche réfléchie de la retraite sportive contraste avec de nombreux athlètes qui évitent ce sujet. Pour Lyles, c’est une honnêteté assumée qui découle d’une carrière déjà exceptionnellement remplie : médailles olympiques, titres mondiaux, et une histoire personnelle marquée par des combats contre la dépression et une reconquête de sa relation au sport.
Le poids de l’âge et la transmission
À 28 ans, Noah Lyles se considère désormais comme l’un des vétérans du sprint, inspiré plutôt que menacé par l’émergence d’une nouvelle génération. “Il y a tant de talents qui arrivent”, confie-t-il. “Je veux voir jusqu’où ils peuvent emmener ce sport.”
Parmi ces étoiles montantes figure Gout Gout, un sprinteur australien de 17 ans avec qui il partage le même sponsor Adidas. Le jeune homme est devenu le plus jeune compétiteur de l’histoire sur 200 mètres aux Championnats du monde. Lyles, qui retrouve des échos de sa jeunesse chez ce prodige, lui prodigue des conseils qui dépassent la simple performance.
“Il s’agit du chemin que tu empruntes et des personnes qui t’entourent”, explique-t-il. “Tu dois aussi être un homme d’affaires, et c’est la partie la plus difficile, apprendre ce côté-là quand tu es encore enfant.”

Une vision critique du sport
Au-delà de ses performances, Noah Lyles s’est imposé comme l’une des voix les plus réflexives de l’athlétisme moderne. Il n’hésite pas à critiquer les défauts structurels du sport : promotion inconstante, organisation fragmentée et manque de focus sur la construction d’une base de fans durable.
Lors d’une récente apparition dans un podcast, il a comparé le problème de visibilité de l’athlétisme à la question philosophique de l’arbre qui tombe dans la forêt. “Si un arbre tombe dans la forêt et que personne n’est là pour le voir, est-ce qu’il est vraiment tombé ?” Cette métaphore illustre les nombreuses performances de niveau mondial qui se déroulent loin des caméras et de la narration digitale.
Le champion du monde a également questionné de nouvelles initiatives comme le Grand Slam Track de Michael Johnson, une ligue privée lancée pour révolutionner l’économie du sport. Tout en soutenant l’innovation, Lyles appelle à la prudence, soulignant que sans un calendrier unifié et une couverture cohérente, même les formats les plus excitants risquent de s’effacer rapidement.
L’héritage avant la performance
Pour Lyles, vieillir n’est pas une malédiction mais une boussole. Après avoir fêté ses 27 ans lors des Jeux Olympiques de Paris, il a réalisé qu’il était officiellement sur “l’autre moitié de la colline”. Cette prise de conscience l’a amené à envisager chaque saison non seulement comme une opportunité de gagner des médailles, mais de maximiser le sens de ses actions.
“Si je pousse vraiment tout ce que je veux sortir de chaque année, chaque semaine et chaque jour, je pense que je ne le regretterai jamais”, a-t-il déclaré.
Cette perspective a fait de Lyles l’une des voix les plus réfléchies du sport, pas seulement sur lui-même, mais sur l’athlétisme dans son ensemble. Il souhaite laisser un sport meilleur qu’il ne l’a trouvé, où les jeunes talents comme Gout Gout n’auront pas à apprendre le business à 17 ans, et où chaque grande course sera réellement vue.

Une fin sur ses propres termes
L’idée d’un adieu intentionnel, fait selon ses propres conditions, séduit clairement le sprinteur américain. Il a évoqué la possibilité de terminer sa carrière lors d’un meeting à domicile, entouré de ses fans et de sa famille, plutôt que de poursuivre un dernier cycle olympique.
Ce serait une finale appropriée pour un athlète qui a construit sa carrière sur la réécriture des attentes : des Jeux Olympiques de Tokyo turbulents à la domination mondiale, des luttes contre les problèmes de santé mentale à un plaidoyer assumé, du statut de challenger à celui d’architecte de son propre héritage.
Noah Lyles ne s’éloigne pas encore. Mais quand il le fera, il veut laisser un sport meilleur qu’il ne l’a trouvé. Car pour lui, la ligne d’arrivée n’a jamais été uniquement une question d’arrêt. Il s’agit de savoir quand et comment passer le témoin.
Qui est Nicolas ?
Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.
Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.
Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.
Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16

