
L’été 2025 a été marqué par un événement qui a secoué l’univers du running : l’influenceur britannique Ryan Cunliffe, marathonien (2h58) et star du concept « Segment Chaser », a pulvérisé le record d’un segment mythique sur Strava… grâce à une exosquelette Hypershell X.
Ce coup d’éclat, source de polémiques et d’interrogations, interroge la frontière entre innovation sportive et fair-play, tout en bousculant l’éthique du running connecté.
Le segment Strava qui a fait scandale
Tout démarre à Bury, en Angleterre, sur le redouté Rawsons Rake, un segment court mais brutal (11 % de pente). Après un premier échec, Ryan Cunliffe revient équipé du Hypershell X, l’exosquelette le plus avancé du marché, censé augmenter la puissance des jambes jusqu’à 40 %.
La vidéo, diffusée sur les réseaux, montre le runner franchir la côte avec une aisance déconcertante, battant son record de 11 secondes et le record officiel de 5 secondes.
Immédiatement, la communauté running s’enflamme : plus d’un million de vues et une vague de commentaires indignés. La majorité juge la tentative « cheating » (tricherie). Une enquête menée auprès de followers révèle que 90 % considèrent qu’il faut l’interdire.
L’exosquelette Hypershell X : révolution sportive ou tromperie ?
Le Hypershell X vise d’abord le trekking, la rando et le trail. Piloté par une intelligence artificielle embarquée, il adapte la puissance et l’assistance selon les mouvements du coureur, réduisant l’effort de 30 % à chaque foulée. Certains le qualifient d’“e-bike pour les jambes”, tant il bouleverse la notion même de performance humaine.
- Puissance du moteur : 800 W pilotés en fonction du geste.
- Capteurs intelligents : gyroscopes, accéléromètres, IA adaptative.
- Effort réduit : jusqu’à 40 % d’assistance mécanique.
- Portabilité : poids et autonomie adaptés à l’usage sur terrain varié, mais limité en usage ultra.
Les règles : Strava et la course à l’éthique sportive
Traditionnellement, Strava exclut toute activité enregistrée en véhicule motorisé ou aidée par système électrique : e-bikes, autos, simulations. Mais aucune catégorie n’encadre encore l’usage des exosquelettes, révélant un vide réglementaire. Alors que la performance humaine est au cœur de la plateforme, ce type d’amélioration technique est jugé incompatible avec l’esprit du running virtuel :
« Strava reste un espace consacré à l’effort pur, à l’amélioration de soi ; toute aide mécanique ou électronique est automatiquement exclue des leaderboards. »
Suite à la polémique, Cunliffe supprime son activité et publie des excuses publiques. Le record est rendu à son détenteur humain, mais le débat est lancé : où s’arrête la technologie et où commence la tricherie ?
Les études scientifiques : gain physiologique et question de justice
Plusieurs études récentes confirment les gains de performance liés aux exosquelettes robotisés :
- Des recherches montrent qu’un “exosuit” électrique permet aux runners de gagner près d’une seconde sur 200 m, tout en synchronisant le mouvement pour activer les muscles clés.
- D’autres études sur des exosquelettes non propulsés révèlent une réduction de la dépense énergétique pour la marche et la course (jusqu’à 19,8 %).
- À l’inverse, certains spécialistes alertent sur le risque de déséquilibres biomécaniques, notamment sur la santé articulaire si l’assistance est prolongée.
La question principale devient alors celle du fair-play : si un coureur « assisté » peut battre les chronos sans effort équivalent, la compétition perd son sens.
Les enjeux éthiques et légaux
L’arrivée d’exosquelettes comme le Hypershell X soulève des problématiques majeures :
- Respect de l’autonomie sportive : la technologie doit rester au service du coureur, sans lui ôter sa capacité à accomplir la performance par lui-même.
- Non-malfaisance : éviter tout dommage potentiel, tant physique qu’éthique.
- Transparence et sécurité : garantir que la course reste honnête, sans biais lié à une technologie non signalée.
- Justice et équité : veiller à ne pas discriminer les runners « non assistés », ni à transformer le running en course à l’équipement, surtout sur Strava où chaque segment est affaire d’équité.
Vers une nouvelle ère du running connecté ?
La polémique liée à l’exosquelette n’est sans doute que le début : avec des modèles de plus en plus accessibles, performants et intelligents, l’avenir du running connecté se dessine à la croisée de l’innovation et des valeurs sportives.
Pour l’instant, la communauté running préfère l’effort brut : Rawsons Rake appartient à nouveau aux humains. Mais le défi est lancé : faut-il créer des catégories « exosquelette », ou bannir purement ces outils ? Les segments Strava, comme les marathons, devront rapidement clarifier leurs règles pour rester le temple de la performance humaine.
En conclusion, l’exosquelette Hypershell X interroge notre rapport à la performance : entre prouesse technologique et défi sportif, il impose aux plateformes et aux organisateurs d’événements de s’adapter. L’avenir du running sera-t-il humain, robotique… ou hybride ? La question est ouverte et le débat, brûlant !
Sources
- Marathon Handbook : affaire Cunliffe, Strava et Hypershell X
- Brujulabike : exosquelettes robotisés et performance cycliste
- Strava Community Support : règles des segment leaderboards et exclusions
- New Scientist : études sur l’assistance robotique du running
- Études biomédicales sur la réduction de la dépense énergétique avec exosquelette
- Travaux académiques sur l’éthique de l’IA et du sport
Qui est Nicolas ?
Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.
Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.
Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.
Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16