Vous le savez déjà, Décathlon est une entreprise française qui propose une large gamme d’équipements sportifs à des prix très compétitifs. La qualité n’est pas leur préoccupation principale (bien que la plupart des produits soient plus qu’excellents), mais ils mettent l’accent sur un excellent rapport qualité-prix.
Bien qu’ils proposent d’autres marques, ils ont développé ces dernières années un grand nombre de leurs propres marques internes. Kiprun est la marque orientée course à pied. Et elle n’avait pas encore de chaussure de course plaque carbone dans sa gamme… jusqu’à cette année. J’ai donc décidé d’effectuer un test détaillé des Kiprun KD900X pour vous donner une idée claire sur les qualités de ce modèle exclusif avec sa plaque carbone innovante !
Prise en main l’été 2022 : Premier test
Les chaussures Kiprun KD900X sont les toutes dernières chaussures de course développées par Decathlon pour le marché. Elles ont été conçues en collaboration avec le coureur professionnel Yoann Kowal (qui les avaient aux pieds au semi-marathon de Lille) et intègrent une plaque carbone innovante qui permet aux coureurs de bénéficier d’une meilleure répartition de la force et d’un plus grand confort pendant la course.
Yoann Kowal, champion du monde de semi-marathon, est le partenaire principal de Decathlon pour le développement de cette nouvelle gamme. Ses valeurs sont clairement reflétés dans ce modèle : le développement durable, le respect des performances tout au long du parcours et la satisfaction client. Avec son approche innovante, il permet à Decathlon de proposer des produits fiables et performants à des prix abordables, accessibles à tous les coureurs.
La chaussure a été vue en janvier 2022 pour la première fois, portée par Yohann Kowal – un nouvel athlète sponsorisé par Kiprun. Ce teasing – très probablement intentionnel – a attiré l’attention sur la chaussure sur les réseaux sociaux.
Très rapidement, le nom de la chaussure a vu le jour : la Kiprun KD900x. La toute première chaussure plaque carbone de Decathlon et de sa marque interne Kiprun.
Caractéristiques techniques
- Composition : Semelle en 65% Amide à blocs polyéther, 25% Caoutchouc synthétique, 10% Carbone Extérieur en 80% Polyester, 20% Polyuréthane Intérieur en 100% Polyester
- Le combo mousse/plaque carbone permet de restituer 75% d’énergie
- la mousse VFOAM en matériau Pebax®, 20% plus dynamique que les chaussures classiques
- Légère : 182g
Carte d’identité de la KD 900X
La chaussure était encore en phase de pré-production et certaines choses étaient sur le point de changer. En particulier la tige qui semble être différente sur la version finale. Mais j’ai déjà pu recueillir quelques informations.
La semelle intermédiaire de la Kiprun KD900x est composée de deux couches de mousse Pebax d’Arkema. Oui, Pebax et Arkema, c’est-à-dire le même fabricant de la mousse ZoomX de Nike. Les employés d’Arkema sur le stand de Kiprun à l’expo ont expliqué que les deux couches ont la même densité (contrairement à la Vaporfly). La mousse ne ressemble pas vraiment à la ZoomX mais plutôt à la ZoomX recyclée (Alphafly Next Nature) ou à la PwrRunPB de Saucony (également en Peba). Le poids est d’environ 221g en taille 42.
La plaque en fibre de carbone est pleine longueur. La chaussure a une hauteur de 37 mm au talon et un drop de 8 mm. Elle est présentée comme étant polyvalente pour toutes les distances possibles de course sur route, du 5 km au marathon. Yohann Kowal lui-même a participé à un semi-marathon (auquel j’ai aussi participé) avec cette chaussure et l’utilisera lors du marathon de Londres en 2022.
La chaussure est équipée d’une tige en maille respirante et résistante et un système de laçage intuitif pour assurer un maintien optimal, notamment sur les longues distances. La semelle est constituée d’une mousse ultra-légère qui offre une excellente dynamique et permet une foulée fluide et précise.
Une forme incurvée garantit des transitions rapides entre les points de contact du sol et le pied. Enfin, la plaque carbone intégrée procure une très bonne capacité d’amorti et un retour constant de l’énergie.
Prix et date de lancement
Le Kiprun KD900x est sortie le 3 septembre 2022. Le modèle a été impacté par des retards de production.
La KD 900 X est disponible dans 60 magasins en France mais aussi en Europe. Il n’y a pas beaucoup d’informations sur la disponibilité aux Etats-Unis, mais Kiprun a mentionné que “tout le monde pourra l’acheter en ligne”.
La chaussure est vendue 150 €, ce qui est l’un des prix les plus bas pour une chaussure haut de gamme à base de Pebax plaque carbone.
Une chose intéressante à propos de la durée de vie : Kiprun affirme que la chaussure devrait durer jusqu’à environ 1 000 km. Si c’est vraiment le cas, le rapport qualité-prix serait absolument incroyable.
Test terrain : Mon avis sur cette paire de running
Ma première séance avec ces chaussures : une sortie de 20 kilomètres à une allure modérée. Au cours de la première moitié de la course, j’ai dû m’arrêter environ 8 fois pour refaire les lacets car ils se desserraient constamment.
Mes premières impressions
J’ai dû réalisé un nœud de coureur pour obtenir un laçage fiable, mais en même temps, l’avant-pied était trop serré et je devais constamment desserrer le bas des lacets. La partie inférieure de la languette, là où elle est reliée à la tige, était également très inconfortable : elle a touché le dessus de mon pied pendant toute la séance.
J’ai ressenti de la réactivité. La plaque de carbone est très flexible comparée à d’autres plaques de carbone, la KD900X n’est donc pas aussi rigide que d’autres chaussures à plaque carbone, mais l’avant-pied est toujours aussi réactif. Il était facile d’augmenter ma vitesse en dessous de 4 minutes 30 secondes par km (pour de courts intervalles) et les transitions étaient fluides.
La conduite est également très ferme – la chaussure de course la plus ferme dans laquelle j’ai couru toute l’année. C’est surprenant étant donné que la semelle intermédiaire est en Pebax et que le Pebax est normalement plus souple que les mousses EVA/TPU.
J’ai quand même réussi à faire 20 kilomètres mais j’étais content que la séance ne soit pas plus longue. Bref, je n’en ai pas gardé une bonne 1ère impression.
Mon avis sur l’empeigne des KD900X
L’empeigne de la KD900X est horrible. Il n’y a pas d’autre façon de le dire. On a l’impression qu’elle est vraiment bon marché et qu’elle gratte, même pour une chaussure de course à 150€ – c’est de loin la pire tige que j’ai connue sur une chaussure de course. J’ai passé tellement de temps à essayer d’ajuster le laçage pour obtenir un ajustement confortable pendant chaque séance parce que l’avant de la chaussure est si étroit alors que le dessus de la boîte à orteils est très bas.
La languette, qui est plate et sans soufflet, a des ailes qui se plient lorsque vous enfilez la chaussure, de sorte que vous devez mettre vos doigts dans la zone de laçage pour dérouler les côtés de la languette, sinon elle ne reposera pas à plat sur le dessus de votre pied. La couture où le bas de la languette est attaché à la tige s’enfonce dans votre pied si vous ne portez pas de chaussettes très épaisses. Je ne sais pas comment les équipes de Kiprun ont fait pour ne pas s’en rendre compte pendant les tests de la chaussure.
Il n’y a pas de contrefort mais il n’y a pas de glissement du talon tant que vous utilisez un nœud de coureur. La maille supérieure est très perméable à l’air mais j’ai dû porter des chaussettes très épaisses pour protéger mes pieds de la partie supérieure rugueuse et je n’ai donc pas profité de la maille poreuse.
La taille n’était pas bonne. Trop grande, il faut donc descendre d’une demi-taille au moins. L’avant-pied et une boîte à orteils vraiment étroits, donc je ne pense pas qu’elle convienne aux coureurs aux pieds larges.
Mon avis sur la semelle de la Kiprun KD900X
Decathlon s’est associé à une entreprise française nommée Arkema pour créer la mousse de la semelle intermédiaire qu’ils ont nommée VFOAM. Elle se compose de minuscules granules qui ont été compressés et collés ensemble, comme la PWRRUN PB de Saucony qui a également une mousse Pebax.
Il n’est pas surprenant qu’elle ressemble à la PWRRUN PB, mais en version plus ferme. Elle ne se comprime pas beaucoup et n’offre pas beaucoup de rebond, donc elle n’est pas confirtable sur les longues distances.
Le ressenti est trop ferme avec trop de sensations au sol ; il me rappelle les chaussures plates de running de la vieille école comme le Takumi Sen 7 et j’ai lutté pour trouver la volonté de faire des kilomètres avec la KD900X parce que la sensation est si fade et plat. Même si elle a une hauteur de 37 mm au niveau du talon, la KD900X donne l’impression d’être une chaussure à hauteur moyenne en raison de la fermeté et du manque de réactivité de la semelle intermédiaire VFOAM.
En ce qui concerne le design, je peux voir ce que les concepteurs ont essayé de faire. Ils voulaient une propulsion de type “Vaporfly“, un tremplin, mais il y a 2 raisons principales pour lesquelles la KD900X n’est pas à la hauteur et ne semble pas aussi rapide.
Premièrement, la plaque de carbone dans la semelle intermédiaire est beaucoup trop flexible et deuxièmement, la mousse est trop ferme et ne se comprime pas beaucoup, donc la plaque ne peut pas bouger de haut en bas dans la semelle intermédiaire. Elle doit être capable de se déplacer dans la semelle intermédiaire pour pouvoir vous propulser vers l’avant.
–
La KD900X ne convient que pour des allures rapides inférieures à 5 minutes par km. Les séances faciles en endurance fondamentale ne sont pas confortables à cause de la fermeté de la semelle, ce n’est donc pas une chaussure polyvalente.
La stabilité n’est pas non plus très bonne en raison de l’étroitesse de la semelle intermédiaire, ce n’est donc pas une chaussure conçue pour les séances à allure lente. Je l’ai principalement utilisée pour des courses tempo et des séances d’entraînement en fractionné, mais elle n’est pas aussi agréable à utiliser que les autres chaussures à plaque carbone, car je devais faire plus d’efforts pour accélérer.
La fine semelle intérieure est collée à l’avant-pied mais pas à l’arrière-pied. Lorsque je l’ai retirée pour l’aérer, l’endroit où elle était collée à l’avant du pied a arraché un petit morceau de la partie inférieure de la semelle, et il en manque donc un. C’est le genre de qualité médiocre à laquelle vous devez faire face avec la KD900X.
La semelle extérieure de la KD900X est pour moi le point fort de la chaussure. L’ensemble de l’avant-pied est recouvert d’un caoutchouc épais et les zones de forte usure de l’arrière-pied sont également protégées par un caoutchouc épais. La partie médiane du pied n’est pas protégée par du caoutchouc, mais la mousse est tellement solide et résistante à l’abrasion qu’elle n’a pas besoin d’être recouverte sur la partie médiane du pied.
Après la période de test, j’ai observé une décoloration sur la section de mousse du médio-pied, mais le caoutchouc montre très peu de signes d’usure, donc je peux facilement voir cette semelle extérieure durer plus de 1000 kilomètres – c’est très impressionnant pour une chaussure running de ce type.
L’adhérence de la KD900X est également décente. J’ai couru alors qu’il venait de pleuvoir et je n’ai eu aucun problème d’adhérence sur le bitume et les sentiers.
Test chaussures KD900X : Ce qu’il faut retenir
150€ pour une chaussure de running à plaque carbone, c’est bon marché, mais j’e suis réservé’émets de nombreuses réserves : la tige est extrêmement inconfortable, la conduite n’est pas aussi propulsive que d’autres super chaussures et elle n’est pas vraiment adaptée à des distances supérieures à un semi-marathon. Est-ce qu’elle vaut son prix ? Je ne le pense pas.
Je suis déçu par le KD900X car pour une entreprise aussi importante que Decathlon, ils auraient pu faire un bien meilleur travail avec les ressources dont ils disposent. La KD900X n’est pas au point, elle est brut de décoffrage et ressemble encore à un prototype.
Je n’utiliserai pas le KD900X dans ma rotation de chaussures. Elle est trop ferme pour courir un marathon complet et en tant que chaussure d’entraînement, l’empeigne est si inconfortable que j’ai hâte de l’enlever à chaque fois que je la porte.
Si vous voulez une chaussure à plaque de carbone qui ressemble à une super chaussure, la Magic Speed 2 est votre meilleure option.
Elle possède une plaque de carbone rigide, une semelle intermédiaire rigide et une tige fantastique. Oui, la Magic Speed 2 est légèrement plus chère mais vous en avez pour votre argent. Vous bénéficiez d’un niveau d’amorti bien plus élevé et d’un meilleur confort sur les longues distances.
Kiprun KD 900 X : Avantages et inconvénients
Avantages
- Semelle extérieure durable et adhérente
- Avant-pied élastique
- Légèreté
Inconvénients
- Moins rapide que d’autres chaussures à plaque carbone
- Empeigne bon marché et rayée
- Pas pour les longues distances
Où se procurer la Kiprun KD 900 X ?
J’espère que cette analyse complète vous a aidé à décider s’il s’agit d’une chaussure qui pourrait vous plaire (ou non). Tout le travail que je fais peut être consulté gratuitement, mais si vous voulez me soutenir, la meilleure façon de le faire est d’acheter votre nouvel appareil à travers les liens que je fournis ci-dessous.
Grâce à ces liens, vous obtiendrez non seulement un prix très compétitif et le meilleur service client, mais je recevrai également une petite commission sans que cela ne vous coûte quoi que ce soit de plus, ce qui me permet de continuer à vous offrir des tests comme celui-ci sur Athlé Expliqué.
Qui est Nicolas ?
Je suis un passionné de course à pied avec plus de 15 ans d'expérience. Ayant débuté comme coureur amateur, j'ai progressivement affiné mes compétences en m'informant sur les meilleures pratiques d'entraînement, que je partage désormais avec mes lecteurs.
Mon objectif est de rendre la course accessible à tous, en proposant des conseils pratiques, des analyses techniques, et des méthodes adaptées à tous les niveaux.
Actuellement en cours de formation pour le CQP Animateur d’athlétisme option « athlé forme santé », préparateur mental et nutritionniste sportif diplômé, j'approfondis mes compétences en entraînement et pédagogie afin de partager des méthodes et des approches efficaces et adaptées aux besoins des coureurs de tous niveaux.
Quelques faits d’armes :
- 100 km de Steenwerck : 7h44
- 80 km Ecotrail Paris (1300m D+) : 7h12
- 42 km Nord Trail Mont de Flandres (1070m D+) : 3h11
- Marathon de Nice-Cannes : 2h40
- Championnats de France de Semi-Marathon : 1h13
- 10 km de Lambersart : 34'16
Cette mode des semelles en Foam est très désagréable : ça ne résiste pas à l’abrasion, notamment d’une pédale de vélo si l’on se rends à un lieux de course en 2 roues !!!!
Etrange, de mon côté même après 500km au compteur les semelles n’ont pas bougé (athlétisme et velotaf en parallèle). Au bout de combien de kilomètres cela s’est présenté pour toi et pour quel modèle ?