En cette fin d’année 2023, il est bon de se pencher sur les tendances majeures, les innovations et les engouements bizarres qui ont envahi le monde de la course à pied au cours des 12 derniers mois.
Des technologies de pointe qui continuent de redéfinir notre façon de courir aux pratiques douteuses que nous regretterons sans doute tous à l’avenir, 2023 a été une année de hauts vertigineux et de bas décevants dans le domaine de la course à pied.
Jetons un coup d’œil sur les 365 derniers jours de course à pied, car bon nombre de ces tendances continueront sans aucun doute à avoir un impact majeur sur notre sport et notre mode de vie tout au long de l’année 2024.
Les meilleures tendances running
Inclusion et accessibilité lors des ultras
Les douze derniers mois ont marqué une étape décisive pour le monde de la course à pied, qui a adopté une philosophie plus accessible et plus diversifiée.
Un exemple frappant de cette tendance a été l’introduction de politiques d’inclusion dans des événements renommés tels que l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB). La politique d’inclusion innovante de l’UTMB visait à accueillir un plus large éventail d’athlètes.
Mettant l’accent sur l’égalité des chances pour tous, indépendamment de l’origine, du sexe ou des capacités, les nouvelles politiques de l’UTMB ont créé un puissant précédent que d’autres courses devraient suivre.
Le boom du Trail
L’une des ascensions les plus fulgurantes observées en 2023 a été l’augmentation sans précédent du nombre de coureurs (dont beaucoup sont des néophytes) qui se sont lancés sur trail, passant du bitume à la beauté sauvage de la nature.
Le boom du trail running a été marqué par un nombre croissant d’événements, qu’il s’agisse de compétitions locales ou de grandes compétitions internationales, avec en toile de fond des paysages pittoresques qui se démarquent nettement des compétitions sur route.
L’impact de l’Intelligence Artificielle sur la course à pied
L’intelligence artificielle était le « buzzword » de 2023 et, sans surprise, son influence a touché la course à pied de manière significative. Tout au long de l’année, l’accent a été mis sur le déploiement d’applications ou d’outils pilotés par l’IA pour élaborer des plans d’entraînement et fournir des conseils en matière de coaching.
L’IA traite très bien les données préexistantes, de sorte que des données tels que les allures d’entraînement enregistrées lors des précédentes séances dans une montre GPS ou une collection de plans d’entraînement préexistants disponibles en ligne peuvent être facilement calculés à l’aide des réseaux de neurones artificiels et d’énormes bases de données de l’IA.
Il s’agit en fin de compte d’une tendance positive, car elle s’avère particulièrement utile pour de nombreux coureurs débutants à la recherche de conseils de base, ou pour des coureurs plus expérimentés souhaitant obtenir des données prédictives très spécifiques sur une future compétition ou une allure d’entraînement spécifique. La capacité de l’IA à calculer la variabilité de la fréquence cardiaque et à produire un score de sommeil n’est pas nouvelle, mais 2023 a vu un grand bond en avant dans la façon dont cette technologie a aidé les coureurs amateurs à s’entraîner comme les coureurs élites tout au long de 2023.
Lorsqu’il s’agit de coaching, l’IA n’est rien d’autre qu’un modèle mathématique, vértiable « machine à faire des prédictions », car les robots d’apprentissage automatique comme ChatGPT parcourent internet, compilant autant de données que possible, avant de les résumer pour l’utilisateur.
En fin de compte, la technologie de l’apprentissage automatique continuera à avoir un impact considérable sur la course à pied. Elle améliorera le fonctionnement d’applications comme Strava ou d’appareils comme votre montre GPS Garmin, mais aussi le développement de la prochaine génération de super chaussures (que l’on espère plus durables). Le premier marathon couru en moins de deux heures sera sans doute réalisé grâce aux conseils de l’IA, tout comme votre futur record personnel.
Et comme tout le reste du monde, l’état actuel de l’IA et son impact sur la course à pied ne sont pour l’instant que la partie émergée de l’iceberg.
Récits autobiographiques de coureurs inspirants
L’année a été riche en livres inspirants, informatifs et révélateurs sur la course à pied, dont beaucoup ont même été écrits par des coureurs élites.
Bien que notre liste de livres sur la course à pied pour 2023 soit longue, nous allons mettre en avant les deux préférés de nos rédacteurs, qui se penchent tous deux sur les expériences personnelles de deux des meilleurs coureurs de fond américains de la dernière décennie.
Dans son autobiographie Vivre d’aventures, l’ultra-traileur Mathieu Blanchard raconte son parcours, ses victoires, ses échecs, ses blessures (morales comme physiques) mais aussi ses moments de doute.
Courir ou mourir est un témoignage inspirant et poignant du traileur Kilian Jornet, qui retrace son quotidien, ses motivations ainsi que son amour pour la montagne. Raconté avec l’esprit discret qui la caractérise, il y raconte sa traversée des Pyrénées qui exige un investissement tant sur le plan physique que mental.
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La nouvelle génération de super chaussures (très légères et très rapides)
L’une des tendances les plus répandues dans le domaine de la course à pied cette année a été l’évolution continue des super chaussures.
La conversation autour des super chaussures a pris de l’ampleur en septembre après que Tigst Assefa a battu le record du monde du marathon féminin au marathon de Berlin. Assefa a franchi la ligne d’arrivée en deux heures, 11 minutes et 53 secondes, et peu après, on l’a vue brandir en l’air sa super chaussure Adidas à usage unique.
L’Adidas Adizero Adios Evo Pro 1 est devenue le centre du monde de la course à pied, et les coureurs de tous niveaux étaient impatients de mettre la main sur une paire malgré son prix élevé de 500€ et sa durée de vie d’un seul marathon.
Les pires tendances running
Messagerie instantanée Strava
Début décembre, Strava a annoncé une nouvelle fonctionnalité apparemment innocente et évidente : la possibilité d’envoyer des messages directs aux autres utilisateurs.
L’idée de l’entreprise semblait assez raisonnable : permettre un contact privé immédiat entre ses 100 millions de coureurs et de cyclistes permettrait à la plateforme de mûrir davantage, de dialoguer avec un·e ami·e ou démarrer une discussion de groupe avec d’autres membres Strava.
Dans un monde idéal, les DM de Strava favoriseront de nouveaux partenariats d’entraînement, de nouvelles rencontres et de nouveaux groupes, ainsi que la découverte d’itinéraires de course encore plus amusants.
Nous ne vivons pas dans un monde idéal. Et l’une des choses que nous avons apprises en 2023, c’est que les réseaux sociaux ne sont pas bons pour nous.
Un utilisateur de Strava à l’esprit plus cynique pourrait interpréter la démarche de l’entreprise comme étant douloureusement similaire à celle d’autres plateformes de médias sociaux en termes d’intention. De plus en plus, on cherche à maintenir l’utilisateur enfermé dans les limites d’une application particulière, en troquant l’utilité réelle et les considérations de santé mentale pour que nous restions sur l’application et sur nos téléphones. La plateforme nous sert des publicités et recueille nos données personnelles, et nous continuons à faire défiler la lune.
Le plus inquiétant, c’est que Strava a semblé ignorer les problèmes évidents de confidentialité et de sécurité que la messagerie directe a mis en évidence lorsque l’entreprise a dévoilé cette fonctionnalité. La réaction a été immédiate et importante, car le « harcèlement Strava » est un phénomène bien réel, qui pourrait être poussé à de nouvelles extrémités dérangeantes avec la possibilité de se glisser dans les messages directs d’une personne.
Il est à espérer que Strava s’engage à assurer la sécurité et la santé mentale de ses utilisateurs, et il sera intéressant de suivre la manière dont cette fonctionnalité sera gérée au cours de l’année à venir.
La course à pied et le changement climatique
L’une des tendances les plus sombres de 2023 a été l’impact généralisé du changement climatique sur la planification et l’exécution des courses de distance.
Des conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles ont fait des ravages sur les calendriers des courses, entraînant une augmentation des annulations, des reports et des cauchemars logistiques pour les organisateurs.
La prévisibilité des saisons, autrefois fiable, n’est plus qu’un lointain souvenir, alors que les phénomènes météorologiques extrêmes, des vagues de chaleur torride aux tempêtes inattendues, sont devenus la nouvelle norme.
Les marathons se sont retrouvés à la merci du réchauffement de la planète. Un certain nombre de courses ont été annulées, notamment le marathon des villes jumelles, qui a été annulé à la onzième heure en raison de la chaleur extrême.
Les athlètes ont dû faire face non seulement aux défis physiques de la course, mais aussi aux incertitudes liées aux perturbations météorologiques, ce qui a rendu les régimes d’entraînement et les stratégies de course encore plus précaires.
L’impact sur l’environnement et la communauté des coureurs a été indéniable, soulignant le besoin urgent d’une réponse collective pour atténuer les effets du changement climatique et assurer l’avenir du marathon dans un monde de plus en plus imprévisible.
Les applications de « Coaching avec l’IA » ou « Coach IA »
L’IA n’est pas douée pour être « vraie » avec vous. Cela semble idiot à dire, mais un robot ne peut pas remplacer un entraîneur humain en chair et en os. ChatGPT (ou même les applications d’entraînement spécifiques à la course à pied) ne peut pas vous accompagner lors d’une mauvaise séance d’entraînement et vous aider à la surmonter. Révélation : les robots manquent d’empathie.
Pour l’instant, l’IA est un outil d’entraînement assez rudimentaire. Nous avons même essayé de demander à ChatGPT de nous coacher tout au long d’une saison d’entraînement, et les résultats ont donné l’impression d’avoir été créés par… un robot.
Bien sûr, l’IA peut produire un plan hebdomadaire de base qui, à première vue, semble avoir une méthode et une structure appropriée, avec une longue course et quelque chose qui ressemble à une séance d’entraînement le jour approprié. Mais l’IA ne fait pas de sur-mesure et, pour l’instant, tout cela ressemble à de la peinture à l’huile.
Surtout, un chatbot ne peut pas exprimer de véritables émotions ou nuances, et il lui manque certainement les « soft skills » qui sont en fait une grande partie de ce qu’un leader expérimenté apporte à une dynamique d’entraînement.
L’IA est très mal équipée pour vous guider tout au long de votre parcours jusqu’à votre meilleure performance personnelle, et ne peut certainement pas favoriser un sentiment de communauté ou de connexion humaine, ce qui est un élément important pour rejoindre un club ou s’inscrire à un programme d’entraînement. Bien entendu, cela changera sans aucun doute dans les années à venir, à mesure que l’IA s’améliorera, et il reste à voir si c’est une bonne ou une mauvaise chose.
Pour l’instant, bravo aux humains !
Le dopage
Alors que le monde de la course à pied a célébré de nombreux records en 2023, une tendance décourageante de cas de dopage a jeté une ombre sur le sport, en particulier au Kenya, sans doute l’épicentre de la course de distance mondiale.
Cette vague de révélations n’a pas seulement mis en cause des athlètes de premier plan, mais a également révélé un réseau de corruption et de désespoir qui s’était infiltré au cœur de l’athlétisme africain.
La prévalence des cas de dopage a mis en lumière le côté sombre du sport, où certains athlètes, poussés par la pression du succès et l’attrait du gain financier, ont succombé à la tentation des substances améliorant les performances.
L’explosion des cas de dopage a non seulement porté un coup à la crédibilité de la course de fond africaine, mais a également soulevé des questions cruciales sur l’efficacité des mesures antidopage, l’échelle mobile des normes éthiques au sein du sport et les structures de soutien en place pour les athlètes qui peuvent être confrontés au désespoir et recourir à des moyens illicites ou à la pression des entraîneurs et des agents dans leur poursuite de l’excellence.
Alors que la communauté des coureurs continue de découvrir de nouveaux cas de dopage, il est urgent de procéder à une introspection, à une réforme et de redoubler d’efforts pour préserver l’intégrité du sport à l’échelle mondiale.
L’empreinte écologique des super chaussures
Bien que les super chaussures aient permis aux coureurs de battre des records, leur impact négatif sur l’environnement et leur coût important par rapport à leur durée de vie ne peuvent être sous-estimés. Sans parler de la ridicule tendance émergente en 2023 qui a conduit certains à porter des VaporFly lors de courtes courses faciles ou même d’une séance de musculation à la salle de sport.
Le processus de production, la recyclabilité limitée et la courte durée de vie des super chaussures, combinés à la demande accrue liée aux records du monde masculins et féminins de cette année, ont entraîné une croissance exponentielle de l’empreinte carbone des super chaussures.
La production énergivore des plaques de fibre de carbone utilisées dans les super chaussures implique l’utilisation de températures élevées et de produits chimiques agressifs, qui proviennent souvent de sources non renouvelables.
Le poids, la vitesse et l’efficacité étant au premier plan de la conception des super chaussures, les entreprises optent souvent pour des matériaux et des procédés de fabrication qui ont un impact plus important sur l’environnement.
La fibre de carbone est également un matériau difficile à recycler en raison de sa structure particulière. Elle nécessite un processus de recyclage spécifique et difficilement accessible, et lorsqu’elle n’est pas correctement recyclée, la fibre de carbone finit dans les décharges, contribuant ainsi aux problèmes de déchets à long terme.
L’usure et la détérioration des super chaussures s’accumulent également assez rapidement, en particulier pendant la saison de course.
Leur durée de vie étant beaucoup plus courte que celle des chaussures traditionnelles, les coureurs, en particulier les compétiteurs, sont susceptibles d’en user plus d’une paire par saison. En d’autres termes, plus les coureurs utilisent de super chaussures, plus l’impact sur l’environnement est important.
Ainsi, bien que le boom des super chaussures ait aidé les coureurs à écrire l’histoire cette année, les dommages causés par leur impact sur l’environnement sont la raison pour laquelle nous avons dû les considérer comme l’une des pires tendances de l’année en matière de course à pied.
Ce qu’il faut retenir
Une chose sur laquelle nous pouvons probablement tous nous mettre d’accord à l’approche de 2024, c’est que nous n’avons pas besoin que Strava ou d’autres applications de course à pied ressemblent davantage à d’autres réseaux sociaux.
Qui est Nicolas ?
Lillois. 30 ans et 10 ans de pratique de la course à pied. Après avoir conseillé mes amis débutants, j’ai eu l’idée de créer un blog. En 2022, Athlé Expliqué a vu le jour pour vous apporter des réponses en vous donnant des conseils basés sur mes propres expériences.
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